Moncler réalise trois fois le chiffre d’affaires de Canada Goose avec presque six fois plus de magasins. Ce n’est qu’un premier facteur pour expliquer la valeur d’entreprise du premier, douze fois supérieure à celle du second : €18 milliards pour Moncler, contre $2 milliards — en dollars canadiens — pour Canada Goose.

Le parcours du croissance de l’italien est autrement plus encourageant, avec des ventes et un profit d’exploitation en hausse de 16% par an en moyenne sur les cinq derniers exercices. Chez le canadien, la croissance annuelle n’est que de 10% sur la période, tandis que le profit d’exploitation décline. C’est l’une des raisons derrière son annonce hier d’un plan de licenciements massifs.

Même supériorité de Moncler en termes de retours sur capitaux. Si la rentabilité des capitaux propres chez Canada Goose est sur le papier un brin supérieure à celle de l’italien — 25% contre 22% en moyenne sur les cinq derniers exercices — il faut souligner que Moncler est surcapitalisé, avec une large trésorerie en excès.

La situation est plus précaire chez Canada Goose, qui supporte lui une dette nette supérieure à deux fois le profit d’exploitation avant dépréciations et amortissements, ou EBITDA.  Nette victoire là encore pour Moncler donc, puisque sa performance capitalistique est comparable alors qu’il évolue avec bien davantage de confort. 

Concernant les cash-flows, ils sont pléthoriques chez l’italien, qui privilégie la distribution de dividendes et pourrait encore doubler cette dernière s’il mettait en suspens ses projets d’expansion. Ils sont en revanche plus compressés chez Canada Goose, qui gère moins bien son fonds de roulement et privilégie pour sa part les rachats d’actions. 

Sur les cinq dernières années, Moncler retourne près de €800 millions à ses actionnaires, contre $300 millions pour Canada Goose. En proportion de leurs chiffres d’affaires réalisés, les deux évoluent ici sur des niveaux comparables. La différence significative, c’est que Moncler n’a pas eu à s’endetter pour financer ces retours de capitaux aux actionnaires... 

Malgré ces très nettes différences de performance, les deux entreprises sont valorisées de manière plus ou moins semblable : x20 le profit d’exploitation pour Moncler, contre x18 pour Canada Goose. A noter que le premier évolue ici dans la droite lignée de sa moyenne à dix ans, tandis que le second a sévèrement chuté de son piédestal puisque sa moyenne oscillait autrefois autour de x35 le profit d’exploitation.