(Répétition sans changement d'une dépêche publiée vendredi)

ISTANBUL, 23 juin (Reuters) - Les dix millions d'électeurs d'Istanbul, la plus grande ville de Turquie, sont de nouveau appelés aux urnes dimanche pour élire leur maire à la suite de l'annulation du scrutin du 31 mars pour irrégularités.

L'élection municipale de mars avait été remportée par le Parti républicain du peuple (CHP), formation laïque d'opposition, avec 13.000 voix d'avance sur le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan, à la tête de la ville depuis vingt-cinq ans.

Ce résultat était un véritable camouflet pour Erdogan, qui fut lui-même maire d'Istanbul dans les années 1990.

Le candidat du CHP, Erkrem Imamoglu, 49 ans, est confiant et pense de nouveau l'emporter dimanche. Les sondages le donnent en tête, avec une avance bien plus large qu'au printemps. Il a jugé "injuste et illégale" l'annulation de l'élection de mars mais s'est gardé durant la nouvelle campagne d'attaquer de front le président.

Son rival de l'AKP, l'ancien Premier ministre Binali Yildirim, 63 ans, a bénéficié du soutien total d'Erdogan qui présente le résultat de l'élection à Istanbul comme "une question de survie" pour la Turquie.

Mardi dernier, Erdogan a accusé Imamoglu d'être un menteur et d'avoir des liens avec Fethullah Gülen, prédicateur réfugié aux Etats-Unis et considéré par Ankara comme un terroriste.

Pour éviter une nouvelle victoire du CHP, Recep Tayyip Erdogan a baissé le ton à l'égard des Kurdes, qui représentent environ 15% de l'électorat à Istanbul.

En mars, les électeurs du parti pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples) ont plutôt voté pour Imamoglu et les plus conservateurs se sont abstenus.

Mais cette semaine le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) Abdullah Öcalan, emprisonné depuis vingt ans en Turquie, a appelé les électeurs kurdes à adopter "une position de neutralité" lors du scrutin de dimanche, ce qui a été interprété comme un appel à l'abstention.

Les deux co-dirigeants du HDP, Pervin Buldan et Sezai Temelli, ont accusé un Erdogan "désespéré" de chercher à semer la discorde entre le parti pro-kurde et Öcalan.

"Il n'y a aucun changement dans la stratégie électorale et les choix tactiques du HDP", ont-ils affirmé vendredi, confirmant leur volonté de soutenir le candidat d'opposition. (Jonathan Spicer, Humeyra Pamuk, Daren Butler et Ali Kucukgocmen; Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)