par Aileen Wang et Chris Buckley

Pékin et Washington semblent enfermés dans un dialogue de sourds à quelques semaines de la publication du rapport du Trésor américain sur les grands partenaires commerciaux des Etats-Unis, qui déterminera formellement si la Chine manipule son taux de change pour en tirer des avantages commerciaux.

"Si la question des taux de change se politise, ce sujet ne sera d'aucune aide dans la coordination pour surmonter la crise financière mondiale entre les pays impliqués", a déclaré le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Yao Jian, lors d'une conférence de presse.

"L'excédent commercial n'est pas causé par le taux de change du renminbi. L'excédent commercial est une conséquence et une manifestation de la mondialisation. Il durera un certain temps", a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre Wen Jiabao et d'autres hauts responsables chinois ont récemment insisté sur le fait que, quels que soient les ajustements apportés aux taux de change, ils ne devraient pas apparaître comme des concessions aux puissances étrangères.

Le choix du moment propice pour modifier la politique de changes se complique d'autant plus pour la Chine que 130 parlementaires américains ont exhorté lundi Barack Obama à reconnaître officiellement la "manipulation monétaire" chinoise, une démarche que Wen Jiabao juge "contre-productive".

OBSTACLE

Si le Trésor américain décrète que la Chine manipule son taux de change, le gouvernement de Barack Obama sera en principe obligé d'engager des "négociations accélérées" sur le sujet.

Yao Jian a posé la question rhétorique de savoir si la Chine, qui présente un déficit commercial avec le Japon, la Corée du Sud et plusieurs pays en développement, devait imiter les Etats-Unis et légiférer sur ses échanges avec ces pays.

"Nous espérons donc qu'en surmontant la crise et en revitalisant leurs économie, les Etats-Unis seront un promoteur du libre échange, et non un obstacle", a-t-il ajouté.

Wen Jiabao a assuré dimanche que la Chine allait relancer le processus de réforme du taux de change du yuan, laissant la porte ouverte à un éventuel retour à un taux de change flexible, à condition qu'un telle évolution convienne à Pékin.

Depuis juillet 2008, la Chine a maintenu le yuan autour de 6,83 dollars et Yao Jian a indiqué que la stabilité resterait le maître mot pour 2010.

"Nous n'avons aucune raison de nourrir un optimisme débordant concernant l'évolution future du marché", a-t-il déclaré au sujet des perspectives d'exportations. "Nous maintiendrons donc des politiques économiques et commerciales stables cette année, y compris notre politique de changes et nos avantages fiscaux à l'exportation."

Vincent Chauvet pour le service français, édité par Marc Angrand