(Actualisé avec volumes, Vix, autres marchés)

* Le Dow cède 2,41%, le S&P-500 3,08%, le Nasdaq 4,43%

* Dow et S&P passent dans le rouge en 2018

* AT&T et les semi-conducteurs plombent la tendance

* Boeing (+1,13%) parmi les rares hausses après son T3

* Les industriels voient leurs coûts monter à cause des tarifs-Fed

24 octobre (Reuters) - La Bourse de New York a fini en forte baisse mercredi, dans un marché inquiet pour l'évolution des bénéfices des entreprises après plusieurs avertissements, d'autant que la Réserve fédérale a mis en garde contre l'impact des tarifs douaniers.

L'indice Dow Jones a perdu 608,01 points, soit 2,41%, à 24.583,42 points et le S&P-500, plus large, a chuté de 84,59 points (3,09%) à 2.656,10.

Le Nasdaq Composite a lâché 329,14 points, soit 4,43%, à 7.108,40 - sa plus forte baisse en pourcentage depuis le 18 août 2011.

Le S&P, indice de référence des marchés américains, en est à sa sixième séance consécutive de baisse et a reculé sur 14 des 18 séances depuis le début de ce mois d'octobre.

Avec ce nouveau recul, le S&P comme le Dow effacent leurs gains de l'année et affichent désormais des baisses de respectivement 0,65% et 0,55% depuis le 1er janvier.

Le Nasdaq reste en territoire positif sur l'année mais a perdu plus de 12% depuis son record du 29 août, ce qui correspond à une situation de correction.

Après les prévisions décevantes livrées la veille par les poids lourds industriels Caterpillar et 3M, des résultats inférieurs aux attentes de l'opérateur télécoms AT&T et plusieurs avertissements de fabricants de semi-conducteurs sur la demande ont alimenté les inquiétudes sur la croissance des bénéfices après le coup de pouce apporté cette année par les baisses d'impôts aux Etats-Unis.

"Il y a beaucoup d'interrogations. Les résultats étaient essentiels pour maintenir l'orientation haussière du marché et ils ne sont plus aussi robustes qu'au premier semestre", explique Bryan Reilly, directeur général chez Private Wealth Management. "Il y a beaucoup d'inquiétudes autour des tarifs douaniers et les entreprises s'attendent à les voir augmenter encore. Si cela continue, gare aux conséquences car nous sommes à des plus hauts."

Le Livre beige de la Réserve fédérale, publié à deux heures de la clôture, a confirmé ces craintes en signalant que de nombreux industriels ont dû augmenter leurs prix en réponse à une hausse de leurs coûts d'approvisionnement attribuée aux tarifs douaniers.

En 32 pages, les tarifs douaniers sont cités 51 fois dans le rapport, contre 42 fois dans la précédente livraison de septembre, et ils ont fait l'objet de 186 mentions au total dans le Livre beige depuis l'investiture du président Donald Trump en janvier 2017, contre seulement deux mentions sous son prédécesseur.

Le marché a accentué ses pertes après la parution du Livre beige, qui paraît huit fois par an et sert de document de travail de la Fed avant ses réunions de politique monétaire.

Les bénéfices des entreprises du S&P-500 au troisième trimestre sont désormais estimés en hausse de 22,4% mais le consensus pour le quatrième trimestre a diminué à +19,5% au lieu de +20% il y a 10 jours, selon les données de Refinitiv.

Les volumes se sont étoffés avec 9,6 milliards de titres qui ont changé de mains contre une moyenne de huit milliards sur les 20 dernières séances.

L'indice Cboe de la volatilité a fini en hausse de 4,52 points à 25,23, sa clôture la plus élevée depuis le 12 février après la dernière correction subie par le marché.

Le "Vix du Nasdaq" a pris 4,99 points à 30,25, au plus haut depuis le 8 février.

"Cela ressemble un peu plus à de la panique car les dégagements n'ont pas cessé", contrairement à mardi quand le marché a tenté de rebondir l'après-midi, note Chris Zaccarelli, chez Independent Advisor Alliance à Charlotte (Caroline du Nord).

VALEURS

Les fabricants de semi-conducteurs, déjà en proie à un marché saturé et qui réalisent une bonne partie de leurs profits en Chine, ont baissé à l'unisson après un avertissement de Texas Instruments sur son activité au quatrième trimestre et des déclarations de STMicroelectronics pointant vers un ralentissement de la demande en Chine.

Texas Instruments a chuté de 8,22%, contribuant à une perte de 6,61% de l'indice des semi-conducteurs de la Bourse de Philadelphie, dont la baisse dépasse maintenant les 10% en un peu plus de deux semaines.

Advanced Micro Devices a lâché 9,17% avant ses résultats attendus à la clôture et Intel, qui publie jeudi, a cédé 4,67%.

L'indice sectoriel S&P des technologiques a régressé de 4,43% avec entre autres un recul de 5,35% de Microsoft, qui publiait ses comptes après la clôture. Le titre rebondissait toutefois de plus de 4% dans les transactions hors séance en réaction à des résultats supérieurs aux attentes.

AT&T, le deuxième opérateur mobile américain, a chuté de 8,06% en réaction à une hausse moins forte qu'attendu de ses résultats du troisième trimestre, pénalisés par son activité de télévision par satellite.

Cela a pesé sur le compartiment des médias et l'indice sectoriel des services de communication a perdu 4,88%, la plus forte baisse des grands indices sectoriels S&P.

A rebours de la tendance, Boeing, le principal exportateur américain vers la Chine, a gagné 1,31% en réaction à des résultats meilleurs qu'attendu qui l'ont amené à relever ses prévisions pour l'ensemble de l'année.

Parmi les indices sectoriels S&P, seuls les services aux collectivités (+2,30%), l'immobilier (+1,13%) et les biens de consommation de première nécessité (+0,49%) ont fini dans le vert, aidés par leur profil défensif. Pour les "utilities", il s'agit d'ailleurs de leur meilleure performance depuis le 23 février.

LES INDICATEURS DU JOUR

L'unique indicateur du jour s'est ajouté aux mauvaises nouvelles. Les ventes de logements neufs sont ressorties en baisse de 5,5% en septembre, à leur plus bas niveau en près de deux ans, et les données des trois mois précédents ont été revues en baisse, dernier signe en date montrant que la hausse des taux d'intérêt et des prix pèse sur le marché américain du logement.

"Le marché peine à se stabiliser avec des données macro et micro mitigées", dit John Augustine, responsable des investissements chez Huntington National Bank à Columbus (Ohio).

"Il y a aussi des incertitudes politiques avec la Chine, l'Italie, l'Arabie saoudite ou les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Cela joue également sur le sentiment."

LA SÉANCE EN EUROPE

Après une vaine tentative de rebond, les Bourses européennes se sont retournées à la baisse dans le sillage de Wall Street, les incertitudes prenant le dessus à la veille de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).

Le CAC 40 a perdu 29% à 4.953,09 points à Paris et le Dax allemand 0,73%. Le Footsie britannique a conservé en clôture un gain de 0,11%.

La Bourse de Milan a lâché 1,69%, au lendemain du rejet par la Commission européenne du projet du budget de l'Italie, que Rome ne compte pas modifier.

L'indice paneuropéen Stoxx 600 a flanché de 0,22% à 353,27, en baisse pour la sixième séance consécutive et à son plus bas niveau depuis 22 mois.

Les valeurs de l'automobile et les technologiques ont tiré les marchés à la baisse, avec notamment Volkswagen qui a perdu 4,29% et STmicroelectronics 10,02%, alors que Kering , dans le luxe, a tiré son épingle du jeu (+4,79%) après avoir rassuré sur la demande chinoise.

TAUX

L'aversion au risque a profité aux obligations, faisant reculer du même coup les rendements.

Le rendement des Treasuries à 10 ans, référence du marché obligataire américain, s'est détendu à 3,111% contre 3,166% mardi soir après avoir reculé jusqu'à 3,102%, un plus bas de trois semaines.

Sur la partie courte de la courbe, le rendement du deux ans a baissé jusqu'à 2,835%, au plus bas depuis le 12 octobre, avant de finir à 2,838% contre 2,892% mardi.

CHANGES

Le dollar a été le grand gagnant de la séance, profitant de l'aversion au risque à Wall Street et d'un accès de faiblesse de l'euro, miné par les tensions autour du budget italien et par les indices PMI préliminaires du mois d'octobre qui dénotent un ralentissement bien plus marqué que prévu de la croissance dans la zone euro.

La devise européenne s'inscrivait à 1,1391 dollar (-0,8%) après la clôture des marchés américains, sa plus forte baisse depuis le 27 septembre.

L'indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert face à un panier de devises de référence, a progressé de 0,45% à 96,39 malgré un léger renforcement du yen (+0,24%).

La livre a cédé 0,75% à 1,2885 dollar en dépit des marques de confiance affichées par des députés du Parti conservateurs envers la Première ministre Theresa May .

PÉTROLE

Les cours du pétrole ont rebondi légèrement à New York, stimulés par les statistiques hebdomadaires des stocks aux Etats-Unis, mais le Brent a effacé ses gains en toute fin de séance sous l'effet de ventes techniques.

Le contrat décembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) CLc1 a gagné 0,59% à 66,82 dollars le baril, au lendemain d'un plongeon de plus de 4%. Le Brent de mer du Nord a cédé 0,35% à 76,17 dollars, terminant néanmoins bien au-dessus de son creux du matin à 75,11 dollars - un plus bas depuis le 24 août.

A SUIVRE vendredi :

Aucun changement de politique monétaire n'est attendu à l'occasion de la réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne mais la conférence de presse de son président Mario Draghi sera suivie de près dans le contexte d'agitation sur les marchés et de tensions dans la zone euro autour du budget italien.

L'actualité des résultats restera chargée avec, en Europe, UBS, Orange, Nokia et AB Inbev parmi d'autres ; aux Etats-Unis Merck & Co et Twitter sont attendus en avant-Bourse, puis Alphabet, Amazon.com et Intel à la clôture.

Du côté des indicateurs, les investisseurs prendront connaissance de l'indice Ifo en Allemagne et des commandes de biens durables aux Etats-Unis, sans oublier les inscriptions au chômage comme chaque jeudi. (avec Caroline Valetkevitch à New York et Amy Caren Daniel à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)