(Actualisé avec réaction, rappel de la visite de Johnson à Dublin prévue lundi)

BRUXELLES, 6 septembre (Reuters) - David Frost, négociateur en chef de Londres pour le Brexit, a proposé vendredi à Bruxelles la mise en place sur toute l'île d'Irlande d'une zone commune où s'appliqueraient les normes sanitaires et phytosanitaires européennes (SPS) après la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

L'idée, exposée lors d'une réunion avec les négociateurs de la Commission européenne, est présentée par les Britanniques comme une solution de rechange au "backstop". Cette clause de sauvegarde est censée éviter en dernier recours un rétablissement de la frontière physique à travers l'Irlande, susceptible de raviver les tensions entre nationalistes et unionistes en Irlande du Nord.

Il est peu probable que cette solution soit jugée suffisante par les Européens.

Le dispositif du "backstop" irlandais engloberait, à moins qu'une solution plus efficace soit trouvée d'ici la fin de la période de transition, l'ensemble du Royaume-Uni et l'Union européenne dans un "territoire douanier unique".

Boris Johnson et les Brexiters le refusent catégoriquement.

C'est le "backstop" qui a empêché Theresa May de faire ratifier l'accord de retrait par son Parlement, malgré trois tentatives, et l'a poussée à la démission.

Les 500 km de frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande deviendront après le divorce la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

"Nos discussions ont mis en lumière un certain nombre de points que nous allons devoir réexaminer et il a été convenu que nous en discuterions la semaine prochaine", a rapporté un porte-parole de la délégation britannique.

Un régime SPS commun à l'Irlande et à l'Irlande du Nord signifierait que tous les animaux et produits d'origine animale arrivant de Grande-Bretagne (Angleterre, Écosse et Pays de Galles) seraient soumis à des contrôles à leur arrivée dans un port irlandais, même en Irlande du Nord.

JOHNSON LUNDI À DUBLIN

Les normes SPS ont été mises en place pour protéger les humains, les animaux et les végétaux contre l'apparition et la propagation de maladies et de parasites.

Mais les inquiétudes des Européens ne portent pas simplement sur la santé humaine et animale: leur objectif est de protéger l'intégrité du marché unique européen dans sa totalité.

Or, sans garantie, une frontière irlandaise totalement ouverte permettrait d'introduire sur le marché européen, via la république d'Irlande, des produits ne respectant pas d'autres normes (environnementales par exemple) ou les conditions d'une concurrence équitable.

Dans ces conditions, avancent des diplomates européens, la solution d'un régime SPS ne sera sans doute pas à même de sortir de l'impasse autour du "backstop".

"Un mini-backstop est en discussion, mais il n'est pas possible de se cantonner à (un régime) SPS", a dit l'un d'eux. "La clef est de trouver quelque chose qui garantisse le non rétablissement d'une frontière dure, et cette proposition ne le ferait pas."

Boris Johnson a annoncé qu'il se rendrait lundi à Dublin pour s'y entretenir avec son homologue irlandais, Leo Varadkar. Le Premier ministre britannique sort d'une semaine mouvementée à la Chambre des communes, qui l'a mis en minorité à trois reprises et tente de l'empêcher de faire sortir le Royaume-Uni de l'UE sans un accord de divorce le 31 octobre prochain.

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ENCADRE Rejeté par Johnson, défendu par les Européens: le "backstop" au coeur de l'impasse sur le Brexit

(John Chalmers Henri-Pierre André pour le service français)