Pour Stéphane Monnier, l'Allemagne peut même se payer le luxe d'accroître sa dépense publique tout en respectant sa règle d’équilibre budgétaire. Il a calculé qu'en déployant 50 Mds€ de mesures de relance (avec multiplicateur budgétaire de la dépense gouvernementale de 0,8), la croissance serait stimulée de 1,1% et le budget resterait excédentaire. Le tableau ci-dessous montre trois hypothèses calculées par le spécialiste.
Dépenses allemandes et impact sur la croissance du pays et de la zone euro
Un impact qui dépasse les frontières
Une telle décision aurait des conséquences positives sur la zone euro (+0,3% de PIB, selon le représentant de Lombard Odier) et rendrait l’économie allemande moins dépendante de ses exportations, à l'heure où le bras de fer sino-américain pèse sur le commerce mondial. Cerise sur le gâteau, poursuit Stéphane Monnier, les rendements des emprunts d’Etat allemands sont négatifs sur toutes leurs maturités, signe que "les investisseurs sont disposés à payer au gouvernement fédéral allemand le privilège de lui prêter de l'argent".
Les planètes paraissent donc alignées pour une relance, d'autant qu'il faut aussi préparer le long terme dans un environnement de plus en plus protectionniste : le modèle économique fondé sur les biens d'exportation a beaucoup à perdre. "À très court terme, la menace d'une récession pourrait bien suffire à libérer l'Allemagne de sa dangereuse obsession pour l'orthodoxie budgétaire et à l’emmener vers une économie plus équilibrée", conclut Stéphane Monnier.