Moscou (awp/afp) - L'inflation en Russie, tirée depuis des mois par une forte hausse des prix des aliments de base, a un peu baissé en avril, à 5,5% sur un an, selon les chiffres publiés vendredi par l'agence statistique Rosstat.

En mars, l'inflation a semblé enfin se stabiliser à 5,8% sur un an, les prix à la consommation ayant commencé à grimper depuis mars 2020 - après des mois d'inflation historiquement basse - sur fond de crise pétrolière, de chute du rouble et de ralentissement économique mondial dû à la pandémie de Covid-19.

Si elle a un peu baissé, l'inflation reste importante pour les produits alimentaires (+6,5%), notamment les produits de base: le sucre a bondi de 40% en avril, l'huile de tournesol de 27%, les oeufs de 30%.

Une explosion des prix des aliments de base avait poussé les autorités russes à introduire des mesures telles que des quotas d'exportations ou un contrôle gouvernemental de prix alimentaires.

Des accords sur la stabilisation des prix du sucre courent jusqu'au 1er juin 2021, et jusqu'au 1er octobre 2021 pour l'huile de tournesol, le président russe Vladimir Poutine déclarant qu'il n'y avait "rien de mal" à ce que les producteurs réduisent leurs bénéfices.

Mais des voix se sont élevées pour protester contre ces mesures.

Ainsi, la patronne de la Banque centrale russe, Elvira Nabioullina, a critiqué début avril "le plafonnement administratif des prix", en estimant que celui-ci "fausse les indicateurs de prix dans l'économie et décourage le développement de la production".

En avril, la Banque centrale a augmenté son taux directeur pour la deuxième fois consécutive, de 0,5 point à 5%, pour tacler l'inflation.

La Banque de Russie a cependant maintenu son objectif à moyen terme d'une inflation annuelle à 4%, estimant qu'elle devrait graduellement baisser "au cours du second semestre 2021".

Les prix mondiaux des denrées alimentaires de base battent des records depuis plusieurs mois, en raison d'une hausse des prix des matières premières provoquée par les espoirs de reprise économique ainsi que par une météo défavorable et des chaînes d'approvisionnement fragilisées par la pandémie.

En Russie, cette évolution s'accompagne d'une chute du pouvoir d'achat depuis des années et l'augmentation des prix rappelle des souvenirs douloureux aux Russes, marqués par l'inflation hors de contrôle et les supermarchés vides après l'effondrement de l'Union soviétique dans les années 1990.

afp/rp