Moscou (awp/afp) - L'inflation a ralenti à 7,4% en décembre 2023 en Russie, une évolution inattendue après sept mois de hausse continue, selon les chiffres publiés vendredi par l'agence nationale des statistiques Rosstat.

Ce chiffre reste bien au-delà du chiffre cible des autorités de 4%, après une année 2022 marquée par une inflation à deux chiffres due aux conséquences de l'assaut russe lancé en Ukraine.

L'inflation, qui suivait une tendance à la hausse depuis le printemps, s'était élevée en novembre à 7,48%, selon Rosstat, avant ce ralentissement surprise.

La flambée des prix reste une des principales préoccupations de la population russe, dont le pouvoir d'achat est plombé sous l'effet des sanctions et en raison de l'affaiblissement du rouble face au dollar et à l'euro.

L'explosion récente des prix des oeufs avait par exemple provoqué de vives réactions, alors que le Kremlin insiste toujours sur le fait que la Russie résiste vaillamment aux sanctions occidentales, un message martelé à deux mois de la présidentielle censée prolonger l'ère de Vladimir Poutine au pouvoir.

La Banque centrale russe (BCR) a elle fait de l'inflation son cheval de bataille, en pleine surchauffe de l'économie nationale alimentée par une demande intérieure en nette hausse, notamment dans le secteur de la Défense.

Mi-décembre, face à la hausse des prix, la BCR avait ainsi relevé son taux directeur à 16%, une cinquième hausse consécutive depuis juillet 2023.

Elle avait aussi dit s'attendre à une inflation annuelle "proche de 7-7,5%", mettant en garde qu'elle souhaitait "stabiliser" la hausse des prix autour de 4% en 2024 en menant une politique monétaire "stricte".

Et si le chômage est au niveau très faible de 2,9%, il représente en réalité les difficultés mêmes du marché russe, amputé de centaines de milliers de jeunes hommes, mobilisés ou partis à l'étranger, alimentant une spirale "hausse des salaires-hausse des prix", car les recruteurs sont obligés de proposer des rémunérations plus élevées pour attirer de nouveaux salariés.

Pour 2024, l'objectif avoué des autorités russes est ainsi de contenir la surchauffe de l'économie, désormais largement orientée vers la production d'armements et de munitions pour soutenir l'assaut en Ukraine.

En parallèle, les Occidentaux ont eux promis de sanctionner les assureurs et les compagnies de fret pétrolier qui aident la Russie à contourner les mesures de rétorsion actuelles, comme le prix plafond du G7, permettant à ce stade à Moscou de bénéficier toujours d'une manne financière vitale pour son économie.

afp/rp