Sopra a prévenu vendredi que sa croissance 2018 serait "supérieure à 4,5%" contre "le haut de la fourchette 3 à 5%" jusque-là, tandis que sa marge opérationnelle sera d'environ 7,5%, au lieu d'environ 8,6% évoqués auparavant. A ce stade, vous vous dites "Hum, vous êtes sérieux là, 1,5% de décalage en cumulé ça fait -25% pour l'action ?". Vous n'auriez pas tort, mais les investisseurs sont passés en mode panique, celui où tout grain de sable prend des proportions colossales.
C'est d'autant plus le cas quand un second coup de semonce est tiré immédiatement après le premier. Atos a averti ce matin le marché que sa croissance 2018 se limitera à 1% ("entre 2 et 3%" précédemment) pour une marge qui se situera dans le bas de la fourchette d'objectifs 10,5 à 11%. Pour 2019, en incluant l'américain Syntel fraîchement racheté, la croissance se situera dans le bas de la fourchette 2 à 3% et la marge entre 11,5 et 12% (contre 11,5% jusqu'ici). Un léger relèvement qui ne déride pas le marché. Là encore, on parle d'un décalage modeste, mais là aussi on se retrouve avec plus de 20% de baisse.
Il n'y a pas vraiment de fumée sans feu. Les perspectives sont moins claires depuis quelques semaines et les managements sont moins ambitieux, ce que les dernières enquêtes de confiance laissaient entrevoir. Mais la sanction, démesurée sur une seule séance, montre que la nervosité monte. Les actionnaires de Capgemini, qui publie demain, ont donc quelques raisons de s'inquiéter.
Le tableau ci-dessus dresse un bilan de plusieurs dossiers du secteur depuis le 1er janvier. Sopra et Atos sont déjà parties à la cave. Capgemini tient le choc. Les meilleures performances sont à chercher du côté d'acteurs plus petits, comme Wavestone et Devoteam. Le graphique qui suit montre que le mois écoulé a été rude pour les sociétés du compartiment. C'est Capgemini qui a le mieux tenu si l'on excepte Altran, qui était en phase de rattrapage après sa lourde chute estivale.