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10 mars (Reuters) - SVB Financial Group explore différentes options stratégiques parmi lesquelles figure celle d'une vente de l'entreprise après l'échec d'un projet de levée de fonds, a-t-on appris de plusieurs sources proches du dossier vendredi, alors que les déboires de la banque américaine se sont propagés sur les marchés mondiaux.

SVB, qui exerce ses activités sous le nom de Silicon Valley Bank, n'était pas disponible dans l'immédiat pour un commentaire.

Mais dans un document interne consulté à Reuters, la banque demande à ses employés de travailler depuis leur domicile jusqu'à nouvel ordre alors qu'elle est "en train de mener une série de discussions (...) afin de déterminer les prochaines étapes pour l'entreprise".

L'action de SVB a été suspendue vendredi après une chute de 60,4% la veille tandis que l'indice S&P des banques se stabilisait 1,73%) après avoir cédé 6,6% jeudi.

Les craintes autour de SVB ont fait fondre environ 80 milliards de dollars la capitalisation boursière des 18 établissements composant l'indice S&P 500 sectoriel, dont 22 milliards pour JPMorgan.

Le secteur bancaire européen n'a pas épargné ce vendredi, l'indice Stoxx 600 des banques, avec un repli de 3,97%, a accusé sa plus forte baisse journalière depuis juin.

Lanterne rouge du CAC 40 parisien, Société générale a cédé

4,49

% et BNP Paribas

3,82

%.

Deutsche Bank a chuté de

7,35

% à Francfort, ING de

4,59

% à Amsterdam et Barclays a abandonné

3,67

% à Londres.

LE REVERS DES HAUSSES DE TAUX

La déroute brutale de SVB met en lumière les vulnérabilités du marché à la suite de la remontée brutale des taux d'intérêt par les banques centrales face à l'inflation. Le secteur technologique a été durement touché ces derniers mois et des tensions sont apparues dans d'autres secteurs à mesure que les taux augmentaient.

"La volatilité que nous observons pour certaines banques nous rappelle que les fortes hausses de taux d'intérêt augmentent les zones de fragilité", a déclaré Ronald Temple, stratège chez Lazard.

SVB a lancé mercredi une augmentation de capital de 1,75 milliard de dollars afin de consolider son bilan.

Dans un document destiné aux investisseurs, la société a indiqué avoir besoin de ces fonds pour compenser la perte de 1,8 milliard de dollars causé par la vente d'un portefeuille obligataire, composé essentiellement de bons du Trésor américain d'une valeur de 21 milliards de dollars.

Ce portefeuille lui procurait un rendement moyen de 1,79%, bien inférieur au rendement actuel des bons du Trésor à 10 ans, qui est d'environ 3,9% avec la hausse continue des taux de la Fed depuis un an.

PERTES NON RÉALISÉES

Début mars, la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l'organisme chargé de la garantie des dépôts aux Etats-Unis, a déclaré que les banques américaines étaient exposées à des pertes non réalisées d'environ 620 milliards de dollars sur leurs titres à fin 2022.

Mais beaucoup d'observateurs estiment que les problèmes de la SVB lui sont propres et que la crainte d'une contagion n'est pas justifiée.

"La réaction spontanée du marché face à ce risque semble exagérée. Mais l'augmentation du coût des dépôts et les retraits éventuels sont susceptibles de peser sur les bénéfices du secteur", a déclaré Mark Haefele, directeur des investissements chez UBS Global Wealth Management.

Malgré cela, certaines banques ont jugé nécessaire de rassurer les marchés sur l'état de leurs finances en publiant des déclarations comme on n'en avait pas vu depuis la crise financière de 2008. Commerzbank, l'une des plus grandes banques allemandes, a par exemple écarté tout risque lié à SVB en déclarant qu'elle ne voyait pas de "risque correspondant pour nous".

RETRAIT DE LIQUIDITÉS

SVB est le partenaire bancaire de près de la moitié des start-up américaines financées par capital-risque qui ont été cotées en bourse en 2022.

Certaines start-up ont conseillé à leurs fondateurs de retirer leur argent de SVB par mesure de précaution, ont déclaré deux sources proches du dossier.

Parmi elles, le véhicule d'investissement Founders Fund fondé par Peter Thiel, créateur de PayPal et gourou de la Silicon Valley, d'après une des sources.

Une start-up basée à San Francisco a dit à Reuters qu'elle avait réussi à sortir tous ses fonds de SVB jeudi après-midi et qu'ils étaient "en attente" de transfert sur un autre compte bancaire.

"Alors que le déploiement de capital-risque a été conforme à nos attentes, la consommation de trésorerie des clients est restée élevée et s'est encore accrue en février, ce qui s'est traduit par des dépôts inférieurs aux prévisions", a expliqué le PDG de SVB Gregory Becker dans une lettre adressée aux investisseurs et qu'a pu consulter Reuters.

"Nous prenons ces mesures parce que nous nous attendons à des taux d'intérêt toujours plus élevés, à des marchés publics et privés sous pression et à des niveaux élevés de consommation de trésorerie de la part de nos clients", écrit-il encore dans sa lettre.

Selon deux sources, le dirigeant a appelé les clients pour leur assurer que leur argent était en sécurité. (Rédigé par John O'Donnell, Noor Zainab Hussain et Paritosh Bansal; avec Niket Nishant, Jo Mason, Marc Jones, Iain Withers et Yoruk Bahceli, Blandine Hénault, Kate Entringer et Laetitia Volga pour la version française, édité par Matthieu Protard et Jean-Stéphane Brosse)

par David French, Echo Wang et Alun John