NATIONS UNIES, 9 septembre (Reuters) - Des miliciens pro-gouvernementaux soudanais se sont rendus coupables de meurtres et de viols depuis un an et demi au Darfour, dans l'ouest du Soudan, selon un rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW) publié mercredi.

Le conflit au Darfour a éclaté en 2003, quand des tribus majoritairement non arabes se sont soulevées contre le gouvernement de Khartoum. Les massacres qui ont marqué les premières années de la guerre ont pratiquement cessé mais les violences se poursuivent et les forces gouvernementales ont intensifié leurs opérations au cours de l'année passée.

Le rapport de HRW met en cause une milice pro-Khartoum, les Forces de soutien rapide (RSF), qui comprendrait dans ses rangs d'anciens membres des très redoutées milices tribales Janjaouid.

"Les RSF ont tué, violé et torturé des civils dans de nombreux villages, de façon organisée, délibérée et systématique", a déclaré Daniel Bekele, directeur de HRW pour l'Afrique. Il a demandé au gouvernement soudanais de dissoudre cette milice et de poursuivre en justice les responsables de ces exactions.

HRW a interrogé 212 victimes et témoins. Les atrocités ont commencé en février 2014, lorsque le gouvernement a lancé deux opérations militaires dans la région.

La force conjointe des Nations unies et de l'Union africaine sur place, la Minuad, a été maintes fois accusée de ne pas défendre les populations civiles face aux forces gouvernementales.

Un responsable de la mission de paix a affirmé que la Minuad faisait son possible pour protéger les populations déplacées mais n'avait pas accès à toutes les zones du Darfour.

HRW dénonce notamment les exactions commises en janvier dernier à Golo, dans le Djebel Marra, où une vingtaine de témoins interrogés ont raconté avoir assisté à des assassinats, des viols et des pillages.

Un porte-parole du gouvernement soudanais, Ahmed Balala, a rejeté ces accusations, affirmant que le Darfour était désormais une région "sûre".

La Minuad a été créée en 2007 pour assurer la protection des civils au Darfour et favoriser un règlement politique. Khartoum souhaite la fin de cette mission.

Le conflit au Darfour a fait depuis douze ans plus de 300.000 morts et a déplacé deux millions et demi de personnes.

Le président soudanais Omar Hassan al Bachir a été inculpé en 2009 par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes de guerre au Darfour et un mandat d'arrêt international a été lancé contre lui. (Louis Charbonneau et Joseph D'Urso; Guy Kerivel pour le service français)