par Firas Makdesi

KASSAB, Syrie, 16 juin (Reuters) - Les habitants du village chrétien arménien de Kassab, situé à la frontière syrienne avec la Turquie, ont commencé à rentrer chez eux lundi, au lendemain de la prise de la zone aux rebelles par l'armée syrienne.

La reprise de Kassab par les forces du président Bachar al Assad, moins de trois mois après sa capture par les insurgés, constitue un nouveau coup dur pour l'opposition minée ces derniers mois par des luttes intestines et par les succès des forces pro-gouvernementales.

La télévision syrienne a diffusé des images du village, assurant que la sécurité avait été rétablie et que le secteur avait été débarrassé des "terroristes", terme utilisé par le gouvernement syrien pour qualifier les rebelles qui cherchent à renverser le président Assad.

Un commandant de l'armée syrienne a déclaré à Reuters que l'armée avait attaqué les entrepôts des rebelles et leurs voies d'approvisionnement et que le secteur, y compris le point de passage à la frontière, était désormais sous le contrôle des forces gouvernementales.

"Les groupes terroristes à Kassab avaient deux possibilités : fuir en territoire turc ou mourir sous les coups de l'armée syrienne", a déclaré à Reuters un commandant de l'armée syrienne lors d'une visite du village organisée par le gouvernement. Il n'a pas voulu donner son nom.

Un journaliste de Reuters a vu des dizaines d'habitants entrer dans le village, certains se rassemblant sur la place principale, agitant le drapeau syrien et examinant les dégâts causés sur les bâtiments et les églises.

DEGATS ET DESTRUCTIONS

"Nous sommes revenus aujourd'hui parce que nous avons entendu que l'armée avait libéré le village", a déclaré Sausa Nadra, une habitante de Kassab qui s'était réfugiée sur la côte méditerranéenne à Lattaquié, non loin de là, au moment de l'avancée des rebelles.

"Il y a des dégâts et des destructions (...) mais nous sommes heureux de pouvoir revenir après peu de temps", a-t-elle ajouté.

Les murs sont recouverts d'inscriptions manuscrites, sans que l'on puisse déterminer leur provenance. "Nous voulons un Etat islamique. Dieu est le plus grand", lit-on sur un mur.

Parmi les rebelles qui se sont emparés de Kassab en mars dernier, certains étaient des islamistes radicaux et il y avait parmi eux des membres de la branche syrienne d'Al Qaïda, le Front al Nosra.

Outre sa situation frontalière, le village était important pour les insurgés parce qu'il est situé en zone alaouite, le berceau de cette branche minoritaire du chiisme à laquelle appartient le président Assad.

Lama Dib, autre habitante de Kassab, se dit satisfaite de la reprise du village par l'armée.

"Nous remercions Dieu. Que Dieu protège notre armée et toute personne qui prend une arme pour défendre le pays", dit-elle.

Plus de 160.000 personnes ont trouvé la mort dans le conflit syrien, qui a commencé en mars 2011 comme un simple mouvement de protestation pacifique pour dégénérer en guerre civile après la répression lancée par le gouvernement. (Danielle Rouquié pour le service français)