Il y a quelques mois, nous vous avions présenté quelques pistes pour trouver l'information concernant la vente à découvert. Pour rappel, l'Autorité des marchés financiers est destinataire des déclarations des fonds qui jouent la baisse quand leurs positions atteignent une certaine part du capital des sociétés, mais le régulateur ne dispose d'aucune interface synthétique de suivi (du moins pas en externe). Certains intermédiaires financiers proposent un service d'aggrégation à leurs clients, mais il existe aussi des sites qui compilent les données officielles, à l'image du néerlandais shortsell (voir ici le lien pour les actions françaises, avec parfois des erreurs matérielles).
 
AlphaValue a eu l'idée de prendre les 24 plus gros "shorts" européens (parmi son univers de couverture), d'en faire une sorte d'indice en lissant les pondérations et de le comparer au STOXX Europe 600 depuis le début de l'année. L'extrait qui figure ci-dessous représente le haut de la liste retenue, en date du 15 février. Le tableau se lit ainsi : le néerlandais Fugro est la valeur la plus vendue à découvert d'Europe, avec 15,8% du capital concerné et 12 fonds qui jouent la baisse. Parmi les cinq premiers acteurs, on retrouve deux françaises habituées à figurer dans le haut de ce classement ces dernières années, Casino et Vallourec. Altran ne figure pas dans la liste alors que c'est une valeur très vendue actuellement, car AlphaValue ne la suit pas.
 
 
Les principaux shorts de l'univers de couverture AlphaValue
 
AlphaValue a plaqué la liste sur ses analyses fondamentales et sur la dynamique actuelle des actions. Globalement, les titres concernés n'ont pas de fondamentaux de très bonne qualité ni une grande solidité financière. Et globalement, le bureau d'études partage le sentiment des vendeurs à découvert car les progressions moyennes par rapport à ses objectifs de cours sont de 3%, contre 13% au marché. Toutefois, le potentiel limité s'explique aussi par la belle performance du panier de ces "vilains petits canards" cette année en bourse. Cela tient sans doute au levier que ce type de titre offre quand le marché retrouve l'optimisme. Le graphique qui suit montre que le panel de 24 titres (les capitalisations ont été lissées) a fait mieux que le STOXX Europe 600, ce qui n'est pas vraiment sa vocation, du moins pas dans l'esprit des vendeurs à découvert.
 

Source AlphaValue


L'exercice est intéressant et montre qu'il n'est pas facile d'aller contre le marché. La conclusion ? Dans un contexte boursier atypique début 2019, acheter les actions les plus vendues à découvert a permis de surperformer l'indice large européen, dont les gains sont pourtant copieux. Il fallait y penser.