(Actualisé avec Murkowski, Maison blanche, rapport)

par Amanda Becker et Richard Cowan

WASHINGTON, 3 octobre (Reuters) - Trois élus républicains modérés au Sénat, Jeff Flake, Susan Collins et Lisa Murkowski, dont le vote peut être déterminant pour la nomination du candidat de Donald Trump à la Cour suprême, ont critiqué mercredi le président américain qui a tourné en dérision les accusations de Christine Blasey Ford contre Brett Kavanaugh.

Lors d'une réunion publique mardi soir dans le Mississippi, Donald Trump a ironisé sur le manque de précision, selon lui, des déclarations de Blasey Ford, une universitaire aujourd'hui âgée de 51 ans qui accuse Kavanaugh de l'avoir agressée sexuellement en 1982.

Devant la commission des Affaires judiciaires du Sénat jeudi dernier, Christine Blasey Ford a répété ses accusations contre Kavanaugh mais n'a pu se rappeler ni la date exacte, ni le lieu où se sont produits selon elle les faits.

"Dans quel quartier cela s'est-il passé ? Je ne sais pas. Où est la maison ? Je ne sais pas. A l'étage, au rez-de-chaussée, où est-ce que c'était ? Je ne sais pas. Mais j'avais bu une bière, c'est la seule chose dont je me souviens", a lancé Donald Trump en imitant son témoignage.

"Et la vie d'un homme est en lambeaux, la vie d'un homme a été brisée", a-t-il ajouté.

Sur NBC, Jeff Flake a déploré mercredi les déclarations du président. "Ce n'était ni le moment ni l'endroit pour tenir de tels propos, parler ainsi d'une chose aussi sensible lors d'une réunion politique", a-t-il dit.

"Ce n'est pas correct, tout simplement. J'aurais souhaité qu'il ne le fasse pas. Je dis juste que c'est épouvantable", a ajouté le sénateur de l'Arizona.

Pour Susan Collins, élue du Maine interrogée par des journalistes, le président Trump "a eu tout faux".

LES DÉMOCRATES ESPÈRENT QUE LE RAPPORT DU FBI SERA PUBLIÉ

Lisa Murkowski, qui a observe une position proche de celle de ses deux collègues dans cette affaire, a déclaré : "les commentaires faits hier par le président se moquant du Dr. Ford sont totalement inappropriés et, de mon point de vue, inacceptables".

Interrogée pour savoir si les propos de Trump pourraient avoir une influence sur sa décision lors du vote en séance plénière, elle a répondu : "je prends tout en compte".

Lors de son point quotidien devant la presse, la porte-parole de la Maison blanche, Sarah Sanders, a déclaré que Donald Trump ne craignait pas que ses commentaires aient une influence sur le vote de plusieurs sénateurs républicains modérés.

"Le président n'a fait que citer les faits" en rappelant ce dont Christine Blasey Ford ne parvenait pas à se souvenir, a dit Sarah Sanders.

La commission judiciaire du Sénat, formée de 11 républicains et 10 démocrates, a recommandé vendredi dernier que la candidature du juge Kavanaugh soit confirmée mais le sénateur Flake a obtenu en échange de son vote qu'un complément d'enquête soit mené par le FBI, suspendant de fait la procédure de confirmation.

Il reviendra ensuite aux 100 sénateurs de voter ou non sa nomination à la Cour suprême lors d'un vote de l'ensemble du Sénat, où les républicains ne possèdent qu'une courte majorité, avec 51 des 100 sièges.

Le sénateur démocrate John Kennedy a demandé mercredi que le rapport du FBI soit rendu public ou que Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, en publie un compte-rendu indépendant.

"J'espère que le rapport du FBI sera rendu public. Normalement, ce n'est pas le cas", a dit l'élu de Louisiane.

Kennedy a ajouté qu'il pensait que les sénateurs seraient amenés à participer à un vote procédural ce vendredi, avant un vote définitif sur Kavanaugh dans le courant du week-end.

Ce rapport pourrait être remis aux sénateurs dès ce mercredi, a indiqué John Cornyn, numéro 2 du parti républicain au Sénat.

(David Alexander et Richard Cowan, avec Lawrence Hurley et Amanda Becker Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français)