TUNIS (Reuters) - La crise politique en Tunisie a franchi un nouveau cap mercredi alors que les membres du Parlement, suspendu l'an dernier par le président Kaïs Saïed, se sont réunis virtuellement pour voter contre des mesures décidées l'an dernier par le chef de l'Etat, lequel a réagi en dissolvant le Parlement.

Kaïs Saïed a suspendu en juillet dernier les travaux du Parlement et congédié le Premier ministre pour s'octroyer la quasi-totalité des pouvoirs, une initiative qualifiée de "coup d'Etat" par plusieurs partis et qui a plongé le pays dans sa pire crise politique depuis la révolution de 2011.

Il s'agissait de la première tentative des élus de se réunir depuis la suspension du Parlement, une démarche considérée par le gouvernement comme une "conspiration contre la sécurité de l'Etat".

Sur les 217 membres du Parlement, 124 ont pris part à la session virtuelle et 116 d'entre eux se sont prononcés contre les "mesures exceptionnelles" utilisées par Kaïs Saïed depuis juillet dernier.

Le chef de l'Etat avait prévenu que toute tenue d'une session parlementaire serait illégale. Il a annoncé dans une vidéo publiée en ligne la dissolution du Parlement.

"Nous devons protéger l'Etat contre toute division (...) Nous ne permettrons pas la poursuite de cette agression contre l'Etat", a dit Kaïs Saïed, qui fait face à une opposition croissante mais dont la mainmise sur le pouvoir ne devrait pas s'affaiblir à la suite de cette session.

(Reportage Tarek Amara, avec Yasmin Hussein, rédigé par Angus McDowall; version française Jean Terzian)

par Tarek Amara et Angus McDowall