BRUXELLES, 19 septembre (Reuters) - Greenpeace et d'autres organisations de défense de l'environnement ont engagé devant la Commission européenne un recours en révision contre le classement du gaz et du nucléaire dans la liste des énergies considérées comme vertueuses pour l'environnement (taxonomie).

Elles estiment que l'exécutif européen bafoue ses propres lois sur le climat avec cette décision, citant notamment les émissions de gaz à effet de serre produites par les centrales électriques fonctionnant au gaz, et préviennent que la décision prise en janvier d'inclure ces deux énergies polluantes dans la taxonomie risque de détourner les investissements vers les combustibles fossiles plutôt que les énergies renouvelables.

Pour Greenpeace France, cette décision contrevient aux critères de la taxonomie, à la loi européenne sur le climat et aux obligations de l'UE au titre de l'accord de Paris de 2015.

L'ONG a déclaré avoir demandé le 8 septembre dernier un examen interne de la décision de l'exécutif européen de qualifier le gaz et l'énergie nucléaire d'investissements "verts".

Quatre autres groupes - WWF, Amis de la Terre Allemagne, Transport & Environment et ClientEarth - se sont concentrés sur le gaz.

La Commission a jusqu'à février pour répondre.

Si Bruxelles ne retire pas le gaz fossile et le nucléaire de la taxonomie, les ONG se disent prêtes à porter l'affaire devant la Cour européenne de justice.

Vivement critiqué par les groupes environnementaux, le système de classification ou "taxonomie" de l'UE est un ensemble de règles définissant les investissements pouvant être qualifiés de "respectueux du climat" et visant à mieux orienter les flux de capitaux vers des activités durables qui contribueront à la réalisation des objectifs de réduction des émissions du bloc.

"Le gaz est l'une des principales causes du chaos climatique et économique, alors qu'il n'y a toujours pas de solution au problème des déchets radioactifs nucléaires et que le risque d'accident nucléaire est bien trop important pour être ignoré", a déclaré Ariadna Rodrigo, chargée de campagne à Greenpeace.

La Commission avait exclu les centrales au gaz de sa proposition initiale de taxonomie, mais les a ajoutées par la suite, au terme d'un vif débat politique entre les pays de l'UE.

Bruxelles a déclaré avoir ajouté des "conditions strictes" aux règles finales applicables aux centrales au gaz, notamment une limite d'émissions et l'obligation de passer à des gaz à faible teneur en carbone d'ici 2035. (Reportage Kate Abnett ; version française Diana Mandiá, édité par Sophie Louet)