par John Whitesides et Patricia Zengerle

WASHINGTON, 30 octobre (Reuters) - Alors que Sandy s'abat mardi sur la côte Est des Etats-Unis, une semaine avant l'élection présidentielle, Barack Obama et Mitt Romney mettent publiquement leurs campagnes de côté, mais leurs équipes s'interrogent sur l'influence de l'ouragan sur le résultat final.

"A ce stade, je ne suis pas inquiet de l'impact sur l'élection", a affirmé lundi le président démocrate. "Je suis inquiet de l'impact sur les familles, et je suis inquiet pour les secouristes."

Les stratèges démocrates sont en fait conscients qu'une bonne gestion présidentielle de l'ouragan renforcerait la position de chef d'Etat de Barack Obama et marginaliserait les derniers efforts de campagne de son adversaire républicain.

L'équipe de Barack Obama garde cependant en tête le souvenir de la réponse, jugée insuffisante, apportée par George W. Bush, alors président, à l'ouragan Katrina en 2005 et de la mauvaise image qui s'est durablement ensuivie pour l'administration républicaine.

"La situation est complètement imprévisible et peut évoluer de façon très différente, avec des risques et des avantages pour chaque candidat", estime Julian Zelizer, historien à l'université de Princeton. "C'est exactement pour cela que les conseillers politiques des deux camps ont très peur, en ce moment."

Barack Obama a joué lundi la carte présidentielle en annulant plusieurs déplacements de campagne, notamment en Floride, afin de suivre l'évolution de la situation météorologique.

Mitt Romney, qui avait initialement l'intention de continuer sa campagne, a finalement suivi l'exemple démocrate et a renoncé à des meetings prévus dans le Wisconsin, l'Iowa et la Floride, tout en appelant les électeurs à aider financièrement la Croix-Rouge.

"PAGAILLE DANS LES DEUX CAMPS"

Pour le candidat républicain, Sandy risque d'interrompre la dynamique qu'il a réussi à engager depuis le premier débat présidentiel, le 3 octobre, après un début de campagne poussif.

Si la gestion présidentielle de la crise est jugée réussie, ce sera probablement une mauvaise nouvelle pour Mitt Romney, à qui le camp démocrate ne manquera pas de rappeler que le candidat républicain défend une forte réduction du budget des organismes fédéraux de secours, au profit des Etats.

"Cela sème la pagaille dans la campagne dans les deux camps", reconnaît le stratège républicain Ford O'Connell. "Personne ne veut avoir l'air d'avoir des visées politiques en plein milieu d'une crise."

Au-delà des effets politiques de Sandy, les deux camps se posent également la question de l'impact du cyclone sur le déroulement de l'élection, en particulier en ce qui concerne la procédure de vote par anticipation, jugée favorable à Barack Obama. (Voir )

Sandy a déjà compromis une partie des votes anticipés en Virginie, l'un des huit Etats indécis, considérés comme stratégiques pour l'issue de l'élection.

Craig Fugate, directeur de l'Agence fédérale de gestion des situations d'urgence (Fema), a prévenu que Sandy perturberait durablement l'élection, et s'est engagé à ce que l'organisme aide tous les Etats qui en feront la demande.

Seul un vote du Congrès pourrait permettre de reporter le jour même de l'élection au-delà du 6 novembre, mais les Etats peuvent par exemple décider au niveau individuel de prolonger les horaires d'ouverture des bureaux de vote.

Même si cela reste très improbables, la Constitution laisse aussi aux Etats la possibilité de renoncer au suffrage direct, et de laisser à leurs législatures le choix des grands électeurs, chargés au bout du compte de voter pour le président.

Dans ce cas de figure, le candidat choisi par chaque Etat dépendrait du camp qui contrôle sa législature, que ce soit les démocrates dans le Massachusetts et le Maryland, ou les républicains en Virginie ou dans l'Ohio. (Julien Dury pour le service français)