(Actualisé tout du long avec fin du débat)

par Michael Martina et Joseph Ax

SALT LAKE CITY, Utah, 8 octobre (Reuters) - Le vice-président républicain Mike Pence et sa rivale démocrate Kamala Harris se sont fréquemment opposés sur la gestion par l'administration Trump de la crise sanitaire, mercredi lors du débat des colistiers pour l'élection présidentielle américaine, alors même que la Maison blanche peine à contrôler un foyer d'épidémie qui a infecté le président et d'autres représentants.

L'unique débat entre les colistiers s'est déroulé dans un climat nettement plus cordial que le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden la semaine dernière. Le président sortant avait régulièrement interrompu son rival et les deux hommes avaient échangé des attaques personnelles.

Il semble toutefois peu probable que cette soirée fasse bouger les lignes dans la course électorale, les deux candidats à la vice-présidence ayant esquivé certaines questions et s'étant gardé de commettre une faute à même de générer une mauvaise publicité pour leurs campagnes respectives.

Jouant le rôle traditionnellement offensif du colistier, Kamala Harris a attaqué le bilan de Donald Trump dans plusieurs domaines - soins de santé, économie, changement climatique, politique étrangère -, tandis que Mike Pence s'est évertué à défendre l'action de l'administration républicaine depuis bientôt quatre ans.

"Le peuple américain a assisté au plus grand échec de n'importe quelle administration présidentielle dans l'histoire de notre pays", a déclaré Kamala Harris en entame du débat organisé à l'Université de l'Utah, à Salt Lake City.

En réponse, Mike Pence a blâmé la Chine pour la pandémie de coronavirus et a vanté les efforts de l'administration pour combattre le virus, soulignant la décision prise fin janvier par Donald Trump de limiter les arrivées en provenance de Chine.

"Je veux que le peuple américain sache que depuis le tout premier jour, le président Donald Trump a placé la santé de l'Amérique en premier", a dit le vice-président, qui est à la tête du groupe de travail de la Maison blanche sur le coronavirus. "La Chine est à blâmer pour le coronavirus, et le président Trump n'en est pas content", a-t-il ajouté.

MESURES SANITAIRES

Mike Pence a été interrogé sur un événement organisé le mois dernier à la Maison blanche pour annoncer la candidate choisie par Donald Trump pour occuper le siège laissé vacant par Ruth Barber Ginsburg à la Cour suprême, lors duquel les gestes barrière - port du masque, distanciation - ont peu été respectés. Plusieurs participants, dont Trump lui-même, ont depuis été testés positifs au coronavirus.

L'actuel vice-président a noté que l'événement s'est tenu en extérieur et a ensuite critiqué Kamala Harris et Joe Biden pour leur volonté de rendre obligatoire le port du masque dans les bâtiments fédéraux et de le recommander à travers le pays, des mesures ne respectant pas selon lui la liberté des Américains.

Mike Pence et Kamala Harris se sont salués à distance lorsqu'ils sont apparus sur la scène et étaient séparés de plus de trois mètres et de vitres en plexiglas, des rappels visuels de la situation sanitaire alors que le coronavirus a tué plus de 210.000 Américains et ravagé l'économie du pays.

La sénatrice de Californie est rapidement passée à l'attaque sur plusieurs thèmes, dénonçant les efforts de l'administration Trump pour supprimer une loi qui facilite l'accès à l'assurance-santé et critiquant les très faibles impôts sur le revenu que Donald Trump aurait payés ces dernières années.

Mike Pence a cherché à détourner les attaques en centrant son propos sur l'économie et les mesures fiscales, déclarant aux Américains que "dès le premier jour, Joe Biden va augmenter vos impôts".

RELÈVE

Si l'environnement et les discriminations raciales ont aussi été abordés au cours de ce débat de 90 minutes, modéré par la journaliste Susan Page - cheffe du bureau de Washington du journal USA Today -, les échanges sont presque toujours revenus sur l'épidémie de coronavirus et ses conséquences.

Interrogée sur un potentiel vaccin, Kamala Harris a déclaré qu'elle ne ferait confiance qu'aux scientifiques et non pas aux propos de Donald Trump, qui a vanté par le passé des traitements dont l'efficacité n'a pas été prouvée.

Mike Pence a réagi en accusant sa rivale de saper la confiance de la population américaine dans les vaccins. "C'est inadmissible", a-t-il dit. "Arrêtez de faire de la politique avec la vie des gens".

L'âge des deux candidats à la présidence a donné une dimension supplémentaire au débat - le vainqueur du scrutin, qu'il s'agisse de Trump, 74 ans, ou de Biden, 77 ans, deviendra le président élu le plus âgé de l'histoire du pays.

Mike Pence, 61 ans, comme Kamala Harris, 55 ans, ont cherché à montrer qu'ils avaient l'étoffe pour assumer la fonction présidentielle si les circonstances l'exigeaient, sur fond de questions sur l'état de santé de Donald Trump depuis que celui-ci a été infecté par le coronavirus.

Au-delà même du scrutin de novembre et de ses résultats, les deux colistiers ont aussi l'objectif de s'installer comme les futurs "présidentiables" de leurs partis respectifs.

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ENCADRE-Les étapes clé de la campagne électorale américaine (avec Jason Lange et Alexandra Alper; version française Jean Terzian)