Washington (awp/afp) - Le secteur manufacturier aux États-Unis a progressé plus que prévu en février grâce à une hausse de la demande, qui a également fait grimper les prix des pièces détachées et matières premières, un avant-goût de l'inflation attendue ces prochains mois.

L'indice a progressé de 2,1 points, pour s'établir à 60,8%, selon l'indice des directeurs d'achat de l'association ISM publié lundi. C'est bien mieux qu'attendu par les analystes, qui tablaient sur un indice stable, à 58,8%.

"Le secteur manufacturier a bien progressé pour le neuvième mois consécutif, la demande, la consommation et les (livraisons des fournisseurs et stocks) enregistrant une forte croissance par rapport à janvier", détaille Timothy Fiore, responsable de cette enquête, cité dans le communiqué.

La croissance aurait pu être encore plus forte, relève-t-il, car les entreprises interrogées, ainsi que leurs fournisseurs, font toujours face à un absentéisme élevé, lié à la crainte des travailleurs d'attraper le virus ou parce que cas contact avec des personnes infectées. Ils ont également des difficultés à embaucher dans ce contexte, malgré le fort taux de chômage.

Les problèmes d'approvisionnement ont aussi limité cette croissance.

Dans le détail, la production a augmenté de 2,5 points en février, à 63,2%. Elle devrait s'accélérer dans les mois à venir, comme le suggèrent plusieurs indices: les nouvelles commandes ont grimpé de 3,7 points, à 64,8%, et les livraisons effectuées par les fournisseurs de 3,8 points, à 72%.

Quant aux carnets de commandes, un indicateur des commandes et de la production futures, ils bondissent encore plus, de 4,3 points, à 64%.

"submergés par la demande"

Par conséquent, la situation de l'emploi continue de s'améliorer, pour le troisième mois d'affilée (+1,8 point à 54,4%).

Mais cet afflux de nouvelles commandes, tous secteurs confondus, allonge également les délais de livraisons.

Et, alors qu'un retour de l'inflation est attendu dès le printemps aux Etats-Unis, les prix ont d'ores et déjà bondi. L'indice, qui grimpe à 86% (+3,9 points), est même au plus haut depuis mai 2008.

De très nombreuses catégories de matières premières et pièces détachées sont concernées: "l'aluminium, le cuivre, les produits chimiques, toutes les variétés d'acier, le soja, les produits à base de pétrole, y compris les plastiques, les coûts de transport, les composants électriques et électroniques, le carton ondulé et les produits du bois", selon l'étude.

Un indice supérieur à 50% signifie que l'activité est en expansion. Elle est en contraction si l'indice est inférieur à ce seuil.

Les chefs d'entreprises interrogés pour cette étude font état, quel que soit le secteur, de difficultés: "les choses sont désormais hors de contrôle. C'est le bazar partout, et nous voyons des pénuries à grande échelle", relève ainsi le responsable d'une entreprise du secteur des équipements électriques.

"Nous sommes submergés par la demande et nous n'avons pas assez de personnel" pour y répondre, a expliqué un autre, du secteur des métaux.

Alors que les salariés en télétravail vont devoir quitter leur survêtement pour retrouver une vie sociale, "on sent une sorte d'urgence dans les nouvelles commandes", souligne un responsable de l'industrie textile.

Quant aux prix, ils "augmentent si vite que beaucoup se demandent si (la situation) pourra durer", dans l'industrie du bois.

afp/rp