PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron et Mario Draghi plaident dans une tribune conjointe publiée par le Financial Times pour qu'une future réforme des règles budgétaires de l'Union européenne apporte plus de marges de manoeuvre pour les investissements nécessaires à l'adaptation de l'économie au changement climatique et à une plus grande souveraineté européenne.

La pandémie de COVID-19 et les politiques mises en oeuvre pour aider les entreprises et les ménages ont aggravé la dégradation des comptes publics des pays européens, dont beaucoup ne respectaient déjà plus les plafonds autorisés en termes de déficit et surtout d'endettement.

Cette crise sanitaire et économique a aussi exposé au grand jour la dépendance de certaines filières au reste du monde avec l'apparition de goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement.

"Nous devons réduire notre niveau d'endettement, aucun doute n'est permis à ce sujet, mais nous ne pouvons pas espérer atteindre cet objectif en augmentant les impôts ou en réalisant des coupes insoutenables dans les dépenses sociales, ni tuer la croissance dans l'oeuf en rééquilibrant les finances publiques par un ajustement budgétaire qui ne serait pas viable", écrivent Emmanuel Macron et Mario Draghi dans cette tribune, dont les autres dirigeants européens ont été informés avant sa publication selon l'Elysée.

Le président français et le président du Conseil italien prônent plutôt une stratégie consistant "à maîtriser nos dépenses publiques récurrentes en menant des réformes structurelles intelligentes".

"(...) de la même façon que ces règles (budgétaires-NDLR)n'ont pas bridé notre réponse à la pandémie, elles ne doivent désormais pas nous empêcher de réaliser tous les investissements nécessaires."

Lors de la présentation le 9 décembre des priorités de la présidence française du Conseil de l'Union européenne au premier semestre 2022, Emmanuel Macron avait déjà tenu un discours similaire. Mario Draghi a aussi à plusieurs reprises défendu une réforme des règles budgétaires européennes issues du traité de Maastricht.

"Nous devons disposer d'une plus grande marge de manoeuvre et pouvoir réaliser les dépenses clés nécessaires à notre avenir et à notre souveraineté", écrivent les deux dirigeants dans le Financial Times.

"Les règles budgétaires devraient favoriser la dette créée pour financer ces investissements, qui contribuent indéniablement au bien-être des générations futures et à la croissance à long terme, étant donné que ces dépenses publiques participent de fait à la viabilité de la dette à long terme."

(Reportage Tassilo Hummel et Sudip Kar-Gupta, version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Stéphane Brosse)