L'indice Dow Jones a gagné 353,01 points, soit 1,35%, à 26.465,54 et le Standard & Poor's 500, plus large, a pris 28,08 points, soit 0,97%, à 2.917,75. Le Nasdaq Composite a progressé de 108,86 points, soit 1,39%, à 7.953,88.

Au plus haut du jour, à 2.930,79 points, le S&P-500 n'était qu'à 0,8% de son record du 1er mai.

Donald Trump a annoncé qu'il rencontrerait son homologue chinois, Xi Jinping, lors du sommet du G20 les 28 et 29 juin à Osaka; le président américain a évoqué une "très bonne" conversation téléphonique et précisé que les deux pays reprendraient les discussions avant cet entretien.

Ce signe de détente après plusieurs semaines d'un blocage qui préoccupait les investisseurs a permis aux actions américaines d'accroître leur progression en séance.

Elle s'ajoute à l'anticipation d'une inflexion du discours de la Réserve fédérale mercredi à l'issue de deux jours de réunion de politique monétaire: une bonne partie des analystes s'attendent à ce que la Fed laisse ses taux inchangés mais à ce qu'elle ouvre la voie à une baisse d'ici la fin de l'année.

"La tâche de la Fed est toujours la même: ciseler prudemment son discours afin de ne pas décevoir les marchés: 'Nous ne baissons pas les taux tout de suite mais ne vous inquiétez pas, si quoi que ce soit se passe mal, nous serons là pour vous sauver'", explique Craig Kirsner, président de Stuart Estate Planning Wealth Advisors.

Le discours de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), au Forum de Sintra, au Portugal, assurant que l'institution de Francfort est prête à utiliser tous les moyens à sa disposition pour faire remonter l'inflation a lui aussi contribué à la hausse de Wall Street.

"En disant à Sintra qu''en l'absence d'amélioration telle que cela constituerait une menace pour un retour soutenable de l'inflation, des mesures de stimulus additionnelles seront requises', il a relevé la probabilité d'une nouvelle baisse de taux (...) dès le mois de juillet", explique Julien Manceaux, économiste senior d'ING.

VALEURS

La perspective de la reprise des négociations entre Pékin et Washington a favorisé en premier lieu les secteurs les plus exposés aux tensions commerciales: l'indice S&P des valeurs industrielles a progressé de 1,89% et celui des hautes technologies de 1,72%.

Les fabricants de semi-conducteurs, très exposés au marché chinois, ont été particulièrement entourés: leur indice de référence a bondi de 4,33%, Intel a pris 2,69%, Micron Technology 5,74% et Nvidia 5,41%.

Boeing a gagné 5,37%, la meilleure performance du Dow. A l'effet positif des annonces sur le commerce s'est ajoutée une commande de 200 exemplaires de son 737 MAX, malgré son immobilisation dans le monde entier, un contrat de 24 milliards de dollars aux prix catalogue.

Facebook a pris 0,29%, une hausse inférieure à celle des autres poids lourds de la "tech", ce qui suggère que le marché n'est pas impressionné outre mesure par le lancement de Libra, la cryptomonnaie dont le réseau social est le principal promoteur.

A la baisse, Constellation Brands, le propriétaire de la bière Corona entre autres, a cédé 2,81%, sa troisième baisse d'affilée. Les analystes de Guggenheim ont abaissé leur objectif de cours en soulignant une dégradation de la demande.

LES INDICATEURS DU JOUR

Le nombre des mises en chantier aux Etats-Unis a subi en mai une baisse inattendue de 0,9% à 1,281 million en données annualisées mais les chiffres des deux mois précédents ont été revus en hausse et le nombre des permis de construire a augmenté, suggérant que le marché immobilier tire globalement parti de la baisse des taux de crédit immobilier.

LA SÉANCE EN EUROPE

Le discours ultra-accommodant de Mario Draghi au Forum de la BCE à Sintra, au Portugal, qui a fait fortement baisser l'euro, a dopé les Bourses européennes.

A Paris, le CAC 40 a pris 2,20% à 5.509,73 points, signant sa meilleure performance depuis le 4 janvier pour finir au plus haut depuis le 16 avril.

Le Footsie britannique a gagné 1,17% et le Dax allemand 2,03%; l'indice EuroStoxx 50 a progressé de 2,06%, le FTSEurofirst 300 de 1,81% et le Stoxx 600 a pris 1,67%, sa meilleure performance depuis le 18 janvier, inscrivant sa meilleure clôture depuis le 6 mai.

TAUX

Bien que prononcé à plus de 5.000 kilomètres de Wall Street, le discours de Mario Draghi a fait plonger les rendements des Treasuries en renforçant le scénario d'une inflexion du discours de la Fed mercredi.

Celui des titres à dix ans est revenu à son plus bas niveau depuis début septembre 2017 à 2,016% et le 30 ans au plus bas depuis fin octobre 2016 à 2,513%. En fin de séance, le 10 ans s'affichait à 2,0595% et le 30 ans à 2,5502%.

Selon le baromètre FedWatch de CME Group, la probabilité estimée d'une baisse de taux d'un quart de point dès mercredi est de 24%.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans a inscrit un nouveau plus bas historique à -0,329%. Son équivalent français est brièvement passé en territoire négatif pour la première fois avant de finir la journée à 0,0129%.

CHANGES

L'actualité du jour sur le marché des devises a concerné avant tout l'euro, qui a reculé après le discours de Mario Draghi à Sintra.

La monnaie unique a cédé 0,18% face au billet vert sur la journée pour revenir à 1,1197 après avoir touché, à 1,1182, son plus bas niveau depuis le 3 juin.

Le dollar, lui, a peu varié, bon nombre de cambistes restant en retrait dans l'attente des décisions de la Fed.

La livre sterling est restée proche de ses récents plus bas de cinq mois, l'hypothèse de l'arrivée de Boris Johnson à la tête du gouvernement britannique semblant de plus en plus probable, ce qui inquiète une partie des investisseurs.

PÉTROLE

La perspective d'une rencontre Trump-Xi dans moins de deux semaines a aussi profité au pétrole, s'ajoutant à l'impact haussier du récent regain de tension au Proche-Orient.

Le contrat juillet sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 1,97 dollar, soit 3,79%, à 53,90 dollars le baril, sa plus forte progression en pourcentage sur une séance depuis le 9 janvier.

L'échéance août sur le Brent a pris 1,20 dollar (+1,97%) à 62,14 dollars.

A SUIVRE MERCREDI:

La prudence devrait dominer le début de la journée de mercredi dans l'attente des décisions de la Fed, à 18h00 GMT, et de la conférence de presse de son président, Jerome Powell, une demi-heure plus tard.

(Avec Noel Randewich à New York et Shreyashi Sanyal à Bangalore)

par Marc Angrand