Cet article, intitulé « The Mutual Fund Merry-Go-Round », qu’on peut se traduire par « Le manège sans fin des fonds mutuels », s’applique à fustiger l’absence de rationalité économique des investisseurs, et leurs comportements « autodestructeurs ». Il leur reproche d’être totalement guidés par leurs émotions, qui leur font faire des choix inexplicables, comme acheter haut et revendre bas.

L’investisseur typique se porte ainsi sur des titres lorsqu’ils montent, et les revendent quand ils initient la pente inverse. Pire, il réagit bien plus brusquement lorsqu’il se trouve dans la position du vendeur, ce qui le contraint à payer des commissions démesurées aux fonds mutuels auxquels il fait confiance.

David Swensen, réputé pour ses approches non-conventionnelles en matière d’investissement institutionnel, appelle de ses vœux une meilleure formation pour les investisseurs, et un cadre réglementaire drastique pour les courtiers, ces derniers devant respecter des standards fiduciaires plus contraignants et moins rémunérateurs.

Selon notre baron, l’investisseur « idéal » ne réagit pas immédiatement au moindre soubresaut du marché, mais attend patiemment que ses malheureux comparses aient commis l’erreur de sur-réagir. Les clés de la bonne démarche ? Diversifier son portefeuille (entre actions et obligations), réinvestir les dividendes, et, le plus important, rester concentré sur le long terme.

En clair, l’investisseur avisé est un investisseur « passif ». Certains, après la lecture de cet article, ont taxé David Swensen d’idéaliste, coupable de ne pas saisir ce qui fait l’essence du pari boursier, à savoir les notions de jeu et de risque. Pourtant, si on considère l’historique du fonds d’investissement qu’il pilote, le fameux Yales Endowment, on pourrait être tenté de lui faire confiance : sur les 10 dernières années, son rendement annuel moyen a été de près de 18% !