18,94% du capital à 18€, ou autrement dit 9 M€ offerts pour racheter 500 000 actions moyennant une petite prime de de 12,85% par rapport au cours de clôture du 30 novembre 2020 (15,95€). Quelles sont les motivations d’une telle opération ?

"La Société dispose d’une structure de bilan solide et l’Offre permet d’optimiser sa structure financière dans un contexte de taux d’intérêts bas offrant une faible rémunération sur les placements de trésorerie. Cette Offre ne remet pas en cause la capacité de la Société à financer sa croissance, qu’elle soit organique ou constituée d’acquisitions ciblées. » justifie la direction dans le communiqué qui ajoute « offrir une possibilité de liquidité organisée à ses actionnaires, tout en offrant également une opportunité de relution à ceux de ses actionnaires qui souhaitent continuer à accompagner la Société dans son développement."

 Un retour régulier à l’actionnaire, faute de croissance rentable

Ce n’est pas la première fois que les fondateurs, dirigeants et actionnaires majoritaires de la société (46,27 % du capital et 62,60 % des droits de vote) souhaitent retourner l’argent aux actionnaires…et se reluer au capital. En 2009 déjà, soit à peine 3 ans après une introduction en Bourse en fanfare, une OPRA avait été lancée à 25€ (prime de 14%) sur 10% du capital. Actionnaires à 43,3% de la société, les deux fondateurs avaient alors apporté dans cette proportion à l’offre.

Cette fois, ils n’apporteront pas, ce qui leur permettra de se reluer massivement une fois le capital racheté annulé. Ce qui est bien l’intention des fondateurs qui se retrouveront actionnaires à plus de 50% de la société mais qui devraient bénéficier d’une dérogation à lancer une OPA sur une société qu’ils contrôlent déjà largement en droits de vote. Pour autant, une éventuelle procédure de retrait obligatoire, si c’était l’intention finale de la direction, ne serait pas à portée de main, les managers restant encore loin des 90% du capital requis même après annulation de 20% du capital.

A noter que la direction a, par le passé, utilisé à peu près tous les moyens existants pour "rendre" la trésorerie non utilisée aux actionnaires, faute de projet créateur de valeur et dans un souci d’optimisation patrimoniale. Dividende ordinaire, exceptionnel (2€/titre en juin 2018), rachat de titres au fil de l’eau (la société détient encore actuellement 3,22% de ses titres malgré une annulation de 10% du capital en juin dernier).

Une opération de taille qui offre de la liquidité aux fonds, mais une prime a minima

Mais cette fois, elle frappe fort : compter racheter 18,9% du capital moyennant une prime a minima alors que le cours se traine proche de ses plus bas historiques et qu’il n’a même pas connu le rebond de la plupart des dossiers en pertes et étiquetés value, c’est osé !

D’autant plus que l’actif "caché" du dossier ne l’est plus tellement pour les chercheurs de pépites qui s’intéressent un tant soit peu au bilan des sociétés.

1000mercis n’a pas encore trouvé la clé pour redresser de la croissance et des marges historiquement très élevées (source Zonebourse)

1000mercis n’a pas encore trouvé la clé pour redresser de la croissance et des marges historiquement très élevées (source Zonebourse)

Un siège social qui vaudrait plus que la capitalisation boursière

En effet, si le cours n’a pas trop mal tenu ces dernières années alors que la stratégie de croissance rentable dans le marketing en ligne ne portait plus ses fruits, c’est parce que 1000mercis détient son siège social. Les dirigeants se sont en effet très opportunément portés acquéreur, par l’intermédiaire de la société, du 28 rue du Châteaudun dans le 9e arrondissement de Paris. Il s’agit en effet d’un très bel immeuble haussmannien (7200 m2 SHON dont 5500 m2 utiles) acquis en 2014 pour 35 M€ hors droit. Or le prix du m2 dans le 9e a bondi de l’ordre de 40% depuis, à 11500€ (source MeilleursAgents.com).

Evolution des prix de l’immobilier à Paris 9e : +40% depuis l’acquisition du siège de 1000mercis.

Evolution des prix de l’immobilier à Paris 9e : +40% depuis l’acquisition du siège de 1000mercis.

En retenant les 5500 m2 de surface utile (occupés à 70% par les équipes 1000mercis, le reste étant constitué de logements et de commerces au rez-de-chaussée loués moyennant un loyer d’environ 2,4 et 2,9 M€ en 2018 et 2019) et en retenant 11 000€ du mètre, on obtient 60,5 M€. En appliquant les 40% de hausse au prix initial de 35 M€, on obtient 49 M€. Des montants à comparer à une capitalisation boursière de 41,7 M€ au dernier cours de 15.95€/action. Certes la dette d’acquisition (25 M€ amortissables sur 15 ans) n’est amortie qu’à hauteur de 8 M€, mais tout de même, cela a de la valeur.

Extrait du rapport semestriel

Pourtant, ces éléments clés dans la valorisation de la société ne sont pas vraiment pris en compte par l’expert indépendant désigné par le conseil d’administration…de 1000mercis. A ce sujet, le communiqué indique (paragraphe en jaune) :

Extrait

Extrait du communiqué 1000mercis du 2 décembre 2020

Les actionnaires minoritaires se feront leur avis sur l’opportunité d’apporter à l’offre. Après tout, s’ils sont prêts à faire un peu plus le deuil de la liquidité du titre, rien ne les oblige à ne pas rester dans le même bateau que les actionnaires majoritaires ! Pour l’instant en tous cas…

Cours depuis 2007

Evolution du cours de Bourse de 1000mercis depuis 2007(bougies mensuelles)