WASHINGTON, 28 septembre (Reuters) - Les démocrates à la Chambre des représentants, qui ont lancé une procédure d'"impeachment" contre le président Donald Trump, ont poursuivi leur enquête vendredi en assignant à comparaître le secrétaire d'Etat Mike Pompeo afin qu'il transmette des documents concernant des contacts avec le gouvernement ukrainien.

A la suite d'un signalement transmis en août par un membre du renseignement américain à sa hiérarchie sur un entretien téléphonique du 25 juillet - au cours duquel Donald Trump a demandé au président ukrainien Volodimir Zelenski d'ouvrir une enquête sur Joe Biden, son potentiel rival démocrate pour 2020 - les parlementaires cherchent à déterminer si les actes de Donald Trump ont menacé la sécurité nationale et l'intégrité des élections américaines.

Les commissions des Affaires étrangères, du Renseignement et de la Surveillance ont programmé les auditions de cinq fonctionnaires du département d'Etat au cours des deux prochaines semaines, dont quatre d'entre eux ont été nommés dans la plainte du lanceur d'alerte.

Parmi eux figure le représentant spécial américain pour les négociations avec l'Ukraine, Kurt Volker, qui a démissionné vendredi, a-t-on appris de source proche du dossier.

Selon le signalement du lanceur d'alerte, ce dernier aurait discuté avec l'avocat du président, Rudy Giuliani, pour tenter de "contenir les dégâts" des efforts de Trump pour presser l'Ukraine.

Le 4 octobre, la commission du Renseignement va auditionner à huis clos l'inspecteur général du renseignement, Michael Atkinson, nommé par Donald Trump. Ce dernier avait estimé que la plainte du lanceur d'alerte était crédible.

Les commissions à la Chambre des représentants ont émis ces assignations après que l'administration Trump a dépassé la date limite de jeudi pour fournir des documents et des informations sur ses contacts avec les responsables ukrainiens, ainsi que sur l'appel téléphonique du 25 juillet.

TRUMP NIE TOUTE PRESSION SUR KIEV

La conversation entre Trump et Zelenski est une pièce maîtresse de la procédure d'"impeachment" annoncée par la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, contre Donald Trump pour abus de pouvoir et atteinte à la sécurité nationale.

Le président dénonce "l'hystérie" des démocrates, estimant qu'il s'agit d'une "chasse aux sorcières" et qu'il n'a rien fait de mal.

La Maison blanche a dévoilé cette semaine la transcription de l'appel, au cours duquel Donald Trump y demande notamment à Volodomir Zelenski de "faire quelque chose avec le procureur général" pour enquêter sur Joe Biden et son fils, qui travaille avec l'Ukraine.

Hunter Biden a travaillé à partir de 2014 pour le groupe énergétique ukrainien Burisma Holding. Le camp conservateur le soupçonne d'actes de corruption et affirme qu'il a bénéficié de la protection de son père, alors vice-président.

L'agence anti-corruption ukrainienne a annoncé de son côté vendredi qu'elle enquêtait sur les autorisations accordées aux entreprises gérées par Burisma entre 2010 et 2012.

Dans sa plainte, le lanceur d'alerte a également émis ses inquiétudes concernant les interactions que Rudolph Giuliani a eues avec des responsables ukrainiens.

Une semaine avant sa conversation téléphonique avec Zelenski, Donald Trump a ordonné la suspension de l'aide militaire de quelque 400 millions de dollars à l'Ukraine, qu'il a levée plus tôt ce mois-ci.

Le président américain a nié toute pression sur Kiev et déclaré qu'il ne s'agissait en rien de chantage mais plutôt de s'assurer que l'Ukraine prenait des mesures pour lutter contre la corruption. (Susan Cornwell, Patricia Zengerle, Mark Hosenball, Susan Heavey, Doina Chiacu, Steve Holland, David Morgan, Makini Brice et Humeyra Pamuk; Arthur Connan pour le service français)