LONDRES, 8 février (Reuters) - Le rachat par Microsoft de l'éditeur de jeux vidéos Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars (64,27 milliards d'euros) soulève des problèmes de concurrence concernant les jeux en ligne et les consoles, a déclaré mercredi l'autorité britannique de la concurrence à l'issue d'une enquête approfondie.

Un rapprochement entre le géant informatique, fabricant de la console de jeu Xbox, et l'éditeur de la célèbre franchise de jeu vidéo "Call of Duty" pourrait affaiblir "l'importante rivalité" entre les consoles XBox et PlayStation de Sony , ce qui pourrait faire monter les prix des appareils et limiter le choix pour des millions de joueurs, a estimé la Competition and Markets Authority britannique (CMA).

"Notre travail consiste à faire en sorte que les joueurs britanniques ne soient pas pris entre les feux croisés d'accords mondiaux qui, au fil du temps, pourraient nuire à la concurrence et entraîner des prix plus élevés, moins de choix ou moins d'innovation", a déclaré Martin Coleman, responsable de l'enquête au sein de la CMA.

"Pour l'instant, nous avons constaté que cela pourrait être le cas ici", a-t-il ajouté.

La CMA a déclaré qu'elle examinerait les réponses des entreprises impliquées et d'autres parties intéressées avant de publier son rapport final d'ici le 26 avril.

Un porte-parole d'Activision Blizzard a dit espérer pouvoir aider le régulateur à mieux comprendre l'industrie du jeu d'ici le rapport final.

Microsoft, qui s'est engagé à conserver "Call of Duty" sur PlayStation, s'est dit aussi déterminé à répondre aux préoccupations soulevées par le régulateur britannique de la concurrence.

"Nous nous engageons à proposer des solutions efficaces et facilement applicables qui répondent aux préoccupations de la CMA", a déclaré la vice-présidente et avocate générale adjointe de Microsoft, Rima Alaily, dans un communiqué.

"Notre engagement à accorder à long terme un accès égal à 100% à 'Call of Duty' à Sony, Nintendo, Steam et autres préserve les avantages de l'accord pour les joueurs et les développeurs et accroît la concurrence sur le marché", a déclaré Rima Alaily, vice-présidente et directrice juridique adjointe de l'entreprise.

Le projet de rachat est aussi examiné par les régulateurs aux Etats-Unis et en Europe.

Des sources proches du dossier ont dit en janvier à Reuters que Microsoft risquait de recevoir un avertissement de la Commission européenne sur son offre d'achat d'Activision.

Aux Etats-Unis, l'U.S. Federal Trade Commission, le gendarme américain de la concurrence, a indiqué en décembre avoir engagé une procédure visant à bloquer le rachat d'Activision par Microsoft en disant craindre une atteinte grave à la concurrence. (Reportage Paul Sandle et Aby Jose Koilparambil ; version française Lina Golovnya, édité par Blandine Hénault)