BAMAKO, 13 octobre (Reuters) - Deux tribus touarègues du
nord du Mali, les Ifoghas et les Imghads, ont conclu le week-end
dernier un accord censé mettre fin à des décennies d'hostilité
qui ont entretenu la violence dans la région, selon des
documents que Reuters a pu consulter.
La vieille rivalité entre les deux groupes a pris une
nouvelle dimension quand les séparatistes touaregs conduits par
les Ifoghas ont pris le contrôle du nord du Mali en 2012, avec
l'aide de groupes islamistes. Ces islamistes ont été repoussés à
la suite d'une intervention militaire française en janvier 2013
mais la tension a persisté entre le gouvernement de Bamako et
les séparatistes touaregs.
Un accord de paix conclu en juin dernier n'a pas permis de
mettre fin à la violence.
La Plateforme, coalition de groupes armés favorables au
gouvernement de Bamako et comprenant notamment les Imghads, a
lancé cet été une offensive dans les zones tenues par les
séparatistes de la Coordination des mouvements de l'Azawad
(CMA), sans parvenir à prendre leur bastion de Kidal.
A la suite de discussions la semaine dernière, les deux
tribus touarègues ont décidé de tourner la page et de se
concerter sur les dossiers politiques et économiques de la
région.
"Les deux communautés s'engagent à s'entraider sur tous les
aspects sécuritaires et s'entraideront sur la gestion de leurs
intérêts partout où elles sont", précise le texte de l'accord
daté du 10 octobre. Les deux parties acceptent de résoudre tous
leurs désaccords par le dialogue et de tout faire pour renforcer
la sécurité et l'unité.
Une commission va être créée pour contrôler l'application de
cet accord.
"Les gens sont fatigués de la guerre", a dit un responsable
du Gatia (Groupe armé touareg imghad et alliés), qui fait partie
de la Plateforme.
Lundi, le gouvernement malien a annoncé qu'il consacrerait
100 milliards de francs CFA (environ 154 millions d'euros) par
an entre 2016 et 2018 au financement des mesures prévues par
l'accord de paix signé en juin sous l'égide de l'Algérie et avec
l'appui de l'Onu.
La France et d'autres pays de l'OCDE (Organisation de
coopération et de développement économiques) organisent le 22
octobre à Paris une conférence sur la paix et le développement
dans le nord du Mali.
(Adama Diarra à Bamako et Souleymane Ag Anara à Anefis, avec
Tiemoko Diallo à Bamako et Emma Farge à Dakar; Guy Kerivel pour
le service français)