Airbus est en passe de battre des records de commandes dans l'aérospatiale en 2023 après une frénésie d'achats de la part des compagnies aériennes européennes et un mois de livraisons soutenu jusqu'à présent, ont déclaré des sources industrielles mardi.

Les commandes d'easyJet et de Lufthansa pour un total de près de 200 avions de ligne mardi semblent devoir porter les commandes brutes depuis le début de l'année au-dessus du record d'environ 1 800 en 2014, le sommet du dernier cycle majeur, alors que les compagnies aériennes parient sur une pénurie d'avions de ligne.

Les commandes brutes ou non ajustées donnent une indication approximative du rythme de l'activité du marché au cours d'une année donnée, bien que les analystes affirment qu'un indicateur plus largement suivi des performances d'un constructeur d'avions est celui des "commandes nettes", qui excluent les annulations et les conversions.

Ces chiffres ne seront pas officiellement disponibles avant janvier, mais les sources ont déclaré qu'il y avait de fortes chances qu'Airbus batte également le précédent record de plus de 1 500 commandes nettes.

Airbus s'est refusé à tout commentaire sur les totaux possibles pour la fin de l'année avant l'annonce de l'ensemble de l'exercice, prévue aux alentours du 11 janvier.

Les compagnies aériennes s'empressent de commander de nouveaux avions pour renouveler leurs flottes existantes, craignant une pénurie dans les années à venir.

Airbus et Boeing, qui a également enregistré une commande importante de Lufthansa mardi, pourraient annoncer d'autres contrats ce mois-ci, soutenus par la reprise de la demande après la pandémie de COVID-19, selon des sources industrielles.

Ce record imminent vient couronner la carrière commerciale de Christian Scherer, directeur commercial d'Airbus, qui s'apprête à devenir directeur général de l'ensemble du secteur des avions de ligne civils au début de l'année prochaine.

Les 16 000 avions vendus par l'ancien responsable des ventes d'Airbus, John Leahy, au cours de la période 1994-2017, restent le record de ventes le plus durable de l'industrie.

Vendredi, Turkish Airlines a annoncé 220 nouvelles commandes d'Airbus, plus 10 A350-900 qui figuraient déjà dans les livres d'Airbus, sans que le nom de l'acheteur ne soit immédiatement révélé. Elle a indiqué qu'elle envisageait de passer une méga-commande comparable auprès de Boeing.

LES LIVRAISONS SE RAPPROCHENT DE L'OBJECTIF

Malgré la note positive de fin d'année, Airbus digère également une perte stratégique chez Thai Airways, qui est en train de finaliser une commande de 80 Boeing 787 équipés de moteurs GE après des désaccords sur les prix avec le fournisseur de longue date Rolls-Royce, qui équipe l'Airbus A350 concurrent et les 787 commandés précédemment, selon des sources industrielles.

Aucune des parties n'a commenté les négociations en cours.

Reuters a rapporté pour la première fois le 7 décembre que la compagnie thaïlandaise se rapprochait d'un accord avec Boeing portant sur 80 avions, après avoir augmenté ses besoins en gros-porteurs en septembre. Une commande parallèle de 15 avions à fuselage étroit ne semble pas imminente.

Sur le plan industriel, Airbus a livré 623 appareils entre janvier et novembre, et il lui en reste 97 à livrer en décembre pour atteindre son objectif annuel de 720 appareils.

À un peu plus de dix jours de la fin de l'année, le total a atteint quelque 680 avions, selon des sources industrielles, ce qui enlève un peu d'urgence à la traditionnelle course de fin d'année de l'entreprise pour atteindre son objectif.

C'est la deuxième fois depuis la pandémie qu'Airbus tente d'atteindre son objectif de 720 livraisons, après que les pressions sur l'approvisionnement aient fait échouer sa tentative l'année dernière.

Après un début d'année en demi-teinte, les analystes sont de plus en plus convaincus qu'Airbus atteindra ses objectifs de livraison en 2023, mais estiment que l'année prochaine sera difficile, la montée en cadence de la production étant entravée par des pénuries de matériaux et de pièces. (Reportage de Tim Hepher ; Rédaction de Paul Simao)