par Tim Hepher et Elizabeth Pineau

PARIS, 10 novembre (Reuters) - Le contentieux qui oppose Airbus à la compagnie aérienne Qatar Airways sur les appareils A350 de l'avionneur européen a été porté à l'attention des dirigeants français et qatari, selon les déclarations d'un responsable français et des courriers électroniques internes produits récemment par Airbus devant un tribunal britannique.

Les deux dirigeants ont discuté de la question au mois de décembre dernier, lors d'une visite du président français Emmanuel Macron à Doha, a déclaré à Reuters le responsable français.

Reuters n'a pas été en mesure d'établir quelle avait été la teneur de l'entretien, ni son résultat.

Les deux groupes sont engagés dans une bataille juridique alors que la compagnie aérienne de Doha, qui invoque un enjeu sécuritaire, accuse Airbus de défauts de conception (dégradation des peintures, érosion de la couche de protection) sur ses appareils A350.

Cet échange confirme que le litige qui oppose les deux entreprises dépasse le cadre judiciaire.

"(Nous) confirmons que le sujet a été évoqué, tout comme d'autres aspects de la relation économique (existant entre les deux pays)", a indiqué le responsable.

Le service de communication du gouvernement qatari n'a pas souhaité faire de commentaire sur cette question.

Des courriels internes fournis le mois dernier par Airbus au tribunal britannique saisi pour régler le contentieux montrent que l'avionneur européen a discuté en interne des moyens de faire avancer le dossier sur de multiples fronts, notamment politique.

"Politique: Visite de Monsieur Macron & (du directeur général d'Airbus) Guillaume Faury au cheikh le week-end dernier. Pourrait servir de levier, aucun résultat n'a encore été observé", a écrit le 8 décembre dernier un ingénieur d'Airbus dans un courriel adressé à la directrice technique du groupe, Sabine Klauke.

Emmanuel Macron avait rencontré l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad al Thani, cinq jours plus tôt. Les deux hommes d'Etat s'étaient revus au mois de mai pour un déjeuner organisé à Paris.

Certains diplomates européens ont expliqué à Reuters que la pression pour maintenir de bonnes relations avec le Qatar étaient fortes, d'autant plus à l'approche de l'hiver, alors que l'Europe se prépare à faire face à des pénuries d'énergie. (Reportage Tim Hepher, avec la contribution de Andrew Mills à Doha et de John Irish à Paris ; version française Camille Raynaud)