Paris (awp/afp) - Altice France, qui détient notamment l'opérateur télécoms SFR, a souffert en 2023 d'un ralentissement de son activité, alors qu'il s'est lancé dans des cessions, comme celle de sa branche médias (BFMTV, RMC), pour diminuer sa gigantesque dette, selon un communiqué publié mercredi.

Sur la période, le chiffre d'affaires a reculé de 1,3%, à 11,157 milliards d'euros, tandis que le bénéfice opérationnel (Ebitda) a diminué de 4,3%, à 3,923 milliards d'euros, a détaillé le groupe, filiale de la multinationale Altice, appartenant à l'homme d'affaires Patrick Drahi.

Concernant la branche médias, qui comprend la chaîne d'info BFMTV et la radio RMC, l'activité est en légère baisse de 0,6%, à 349 millions d'euros.

A propos de ses objectifs pour 2024, Altice France a confirmé sa "forte concentration" sur son désendettement, alors que la dette nette du groupe a atteint plus de 24 milliards d'euros fin 2023 (contre plus de 23 milliards fin 2022).

Lors d'une conférence téléphonique, le groupe a indiqué "travailler sur plusieurs opérations" de ventes d'actifs en plus des deux récemment annoncées.

Auprès des investisseurs, le groupe a précisé qu'il "évaluait" ses participations dans l'opérateur virtuel de téléphonie mobile La Poste Telecom (qui fait l'objet de négociations exclusives de rachat par Bouygues Telecom), ainsi que dans le réseau de fibre optique en France XpFibre. "Nous continuons d'évaluer nos actifs (...) et nous nous donnons un an", a-t-il indiqué.

Altice France a signé vendredi une "promesse d'achat" avec le groupe CMA CGM pour lui céder 100% du capital d'Altice Media pour un montant de 1,55 milliard d'euros. La transaction, en numéraire, "devrait être finalisée au cours de l'été", selon le groupe.

Evaluation des actifs

En novembre, Altice France avait annoncé être entré en négociations exclusives avec la banque Morgan Stanley pour lui vendre 70% de ses centres de données et espaces de bureaux, une opération qui pourrait lui rapporter quelque 530 millions d'euros.

"Au vu de l'environnement actuel", Altice France a par ailleurs indiqué que son niveau "approprié" d'endettement se situait désormais "bien en dessous" de quatre fois son Ebitda (contre 6,3 fin juin).

Pour y parvenir, le groupe dit envisager la "participation" de créanciers à des "transactions à prix réduit", notamment des rachats d'actions.

La maison mère Altice est ébranlée depuis plusieurs mois par un scandale de corruption, qui implique Armando Pereira, dirigeant de la filiale portugaise et cofondateur du groupe.

Mis en examen au Portugal, M. Pereira est soupçonné d'avoir mis en place un réseau de fournisseurs douteux dans le but de détourner d'importantes sommes d'argent via la politique d'achats du groupe, ce qu'il conteste.

Ces soupçons de corruption ont entrainé la suspension d'une quinzaine d'employés, dont une dirigeante du groupe en France.

Une enquête a également été ouverte dans l'hexagone en septembre par le parquet national financier.

Début août, M. Drahi avait commenté se sentir "trahi et trompé par un petit groupe d'individus". Il avait assuré que ce scandale n'aurait "aucun impact" sur les finances et les prévisions d'Altice.

afp/rp