En cause, la hausse des prix des produits métallurgiques depuis quelques mois et des délais d'approvisionnement allongés. L'indice FIM Mecastar de la fédération a ainsi enregistré des augmentations de 10% à 40% sur la période septembre-décembre 2020 pour plusieurs matières premières comme l'aluminium, le bronze en lingot, le fil de cuivre, le laiton en lingot...

La FIM fait aussi état d'une situation "très tendue" pour les produits de la filière fonte comme les tôles et bobines galvanisées, avec des délais d'approvisionnement de trois mois minimum.

Cela s'explique entre autres par la forte reprise économique au cours du second semestre, notamment dans l'industrie et le bâtiment, ainsi que par la demande asiatique et en particulier chinoise très soutenue, alors que les producteurs avaient réduit leur production pour s'adapter à une demande en berne au moment des confinements.

Mais la remontée en puissance des outils industriels d'un secteur comme la sidérurgie demande un certain délai.

Le directeur général du géant ArcelorMittal Aditya Mittal expliquait récemment que "la hausse de la demande avait été plus forte et plus rapide qu'attendu", mais qu'aujourd'hui toutes les usines, notamment en Europe de l'Ouest, faisaient remonter leur production.

"La problématique, c'est d'abord de trouver la matière", souligne M. Contet.

Mais il y a ensuite "un problème de coût, et derrière un problème de marge", poursuit-il: "Ça devient très critique pour des entreprises de relativement petite taille, parce que c'est leur marge qui absorbe l'écart de prix sur la matière achetée", et "les marges sont déjà extrêmement faibles".

Chômage partiel et chaînes de production à l'arrêt

D'autres secteurs sont également concernés. "Mon principal sujet de préoccupation, c'est la disponibilité des matières", confirme ainsi Jean-Luc Guéry, président de l'association Inoha qui regroupe notamment les industriels fabriquant du matériel de bricolage et de jardinage.

"Au-delà de l'acier, ça concerne l'ensemble des matières premières, que ce soit la mousse, le polypropylène, les panneaux de particules", ajoute-t-il, évoquant "des délais qui ont été triplés sur certaines familles de produits".

Les utilisateurs de plastiques sont dans la même situation avec un "phénomène de raréfaction, de pénurie (qui) provoque une forte hausse des prix", constate Jean Martin, délégué général de Polyvia, la fédération professionnelle du secteur plasturgie et composites.

En janvier, les augmentations de prix se sont établies entre 5% et 25%. "On voit apparaître, et c'est encore plus inquiétant, des ruptures", souligne M. Martin.

Il signale aussi des livraisons décalées de février à avril et une multiplication des cas de force majeure déposés par les fabricants de différentes résines (styrène, polypropylène, PVC).

"Le phénomène est absolument général" et "prend des proportions très inquiétantes", insiste le responsable de Polyvia.

Les répercussions commencent à se faire sentir, avec du recours au chômage partiel et des arrêts de chaînes de production faute de matière première disponible.

Selon M. Martin, "certaines entreprises ne s'en remettront pas, surtout après la période qu'on vient de traverser".

Le syndicat des fabricants de câbles, Sycabel, vient à son tour de lancer l'alerte: le cuivre a augmenté de 30% en dix mois, l'aluminium de 22% et "les matières plastiques, dont les cours sont liés à celui du pétrole, connaissent une évolution similaire" (+30% pour les polyéthylènes et +20% pour le PVC par rapport à la moyenne de 2020).

"De telles hausses de prix des matières premières devront nécessairement être répercutées dans les prix des câbles", prévient le Sycabel.

afp/al