* Tapis rouge pour la première visite de Xi Jinping en France

* Une cinquantaine de contrats signés dans l'aéronautique, l'automobile

* Paris veut rééquilibrer les échanges commerciaux avec Pékin

par Marine Pennetier et Elizabeth Pineau

PARIS, 26 mars (Reuters) - La France et la Chine ont concrétisé mercredi leur désir de raviver leur coopération en signant une série de contrats d'une valeur de 18 milliards d'euros, 50 ans après l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

Pour sa première visite en France depuis sa prise de fonction en 2013, le président chinois Xi Jinping et son épouse Peng Liyuan ont été accueillis par François Hollande aux Invalides lors d'une cérémonie militaire à grand spectacle, un événement inédit sous la Ve République.

Escortés par la Garde républicaine à cheval et à moto, les deux chefs d'Etat ont traversé la Seine pour rejoindre l'Elysée.

Ils ont signé 21 accords sur les 50 qui doivent être conclus lors de cette visite de trois jours, notamment dans les secteurs de l'aéronautique, de l'automobile et de l'agroalimentaire.

L'un vise à prolonger jusqu'en 2025 la production d'Airbus A320 dans l'usine d'assemblage située à Tianjin, en Chine.

Pékin a par ailleurs commandé 70 avions Airbus A320 et A330 pour plus de 10,2 milliards d'euros prix catalogue.

Airbus Helicopters a signé un accord de production pour la fabrication de 1.000 hélicoptères EC 175/Z15 avec le groupe chinois Avic sur une durée de 20 ans, un contrat évalué entre 13 et 15 milliards d'euros sur cette période.

MARIAGE PSA-DONGFENG

Dans l'automobile, les deux chefs d'Etat ont parrainé le partenariat stratégique validant l'entrée de la société chinoise Dongfeng et de l'État français au capital de PSA Peugeot Citroën . (voir )

"Cette visite d'Etat marque une étape importante dans notre histoire, 50 ans après le rétablissement des relations diplomatiques entre nos deux pays, et doit ouvrir une nouvelle phase", a déclaré François Hollande aux côtés de Xi Jinping.

"Sur le plan bilatéral, nous avons aussi d'excellentes relations, même si nous avons un devoir, pour ce qui nous concerne, c'est de rééquilibrer le commerce extérieur entre nos deux pays", a-t-il ajouté.

La France affiche en effet un déficit commercial de quelque 26 milliards d'euros vis-à-vis de la Chine. Après s'être fait distancée ces dernières années par l'Allemagne, elle aspire à renouer une relation "privilégiée et rééquilibrée" avec la deuxième économie mondiale. (voir )

François Hollande a souhaité que la "coopération ancienne" dans des domaines comme l'aéronautique se concrétise dans d'autres secteurs comme l'agroalimentaire, la ville durable et la santé, au service d'une classe moyenne chinoise en pleine expansion, comme l'y encouragent les analystes. ( )

INVESTISSEMENTS CROISÉS

"Dix-huit milliards d'euros de contrats, c'est de l'emploi, de la croissance et surtout des perspectives d'ampleur pour les années qui viennent", a souligné le président français, quelques minutes après la publication de mauvais chiffres du chômage pour le mois de février, en hausse de 0,9%.

Xi Jinping a de son côté salué le mariage entre Dongfeng et PSA, une initiative appelée selon lui à se reproduire à l'avenir dans d'autres domaines.

"Nous avons besoin de projets phares pour promouvoir les investissements croisés, pour enregistrer de nouvelles avancées", a-t-il dit.

Au-delà du volet économique, Paris et Pékin, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, ont affiché leur entente sur les grands sujets internationaux, comme la Syrie, l'Iran ou encore l'Ukraine.

"La France et la Chine partagent les mêmes principes à l'échelle du monde", a dit François Hollande, citant le respect du droit international et de l'intégrité territoriale.

"J'ai été très sensible au soutien que la Chine nous a apporté notamment pour nos politiques à l'égard du continent africain", a-t-il, à l'heure où Paris peine à convaincre ses partenaires européens à s'engager en Centrafrique.

Il a dit en outre avoir "apprécié la position de la Chine" dans le dossier ukrainien.

Mi-mars, la Chine s'est abstenue lors du vote au Conseil de sécurité de l'Onu sur une résolution condamnant le référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie.

Les deux présidents devaient se retrouver pour un dîner d'Etat à l'Elysée.

La journée de jeudi sera marquée par la signature d'autres contrats en marge d'un forum économique franco-chinois, avant un concert suivi d'un dîner au château de Versailles. (Avec Cyril Altmeyer, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : AREVA, Petsec Energy Ltd.