PARIS, 4 mars (Reuters) - Jean Castex a dévoilé jeudi une
nouvelle série de mesures destinées à freiner l'épidémie due au
coronavirus en France, mais sans confinement le week-end dans
des villes comme Paris ou Marseille malgré les tensions
persistantes dans le système hospitalier.
Face à la lente progression de l'épidémie depuis quelques
semaines, à la menace des variants et à de fortes disparités
entre territoires, le gouvernement reste fidèle à sa stratégie
visant à "gagner du temps" pour éviter un nouveau confinement
généralisé, dans l'espoir d'un retour progressif à la normale à
partir du mois d'avril grâce à l'accélération de la campagne de
vaccination.
"Nous ne sommes pas confrontés à une hausse exponentielle de
l'épidémie comme nous l'avions connue pendant les deux premières
vagues", a déclaré Jean Castex, alors que la France a enregistré
jeudi un peu plus de 25.000 cas de contamination.
Sur les 20 départements placés sous surveillance il y a une
semaine, seul le Pas-de-Calais connaîtra par conséquent un
confinement le week-end dès ce samedi, comme c'est déjà le cas
dans les métropoles de Nice (Alpes-Maritimes) et Dunkerque
(Nord), en raison d'une flambée du variant anglais, qui
représente désormais 60% des cas en France, selon le Premier
ministre.
Si l'Île-de-France et les autres départements à risques,
portés au nombre de 23 ce jeudi, échappent "pour le moment" à un
confinement le week-end, les autorités locales pourront
interdire l'accès aux zones très fréquentées pour éviter des
regroupements de population, a indiqué le chef du gouvernement.
"COURSE CONTRE LA MONTRE"
D'autres mesures, comme la fermeture des centres commerciaux
de plus de 10.000 m2, seront également mises en place.
"Nous devons tout faire pour éviter un nouveau confinement
national", a répété Jean Castex, en promettant d'accélérer
"significativement et dès ce week-end la vaccination" dans les
départements à risque.
"Il faut que nous fassions des efforts pour réduire nos
contacts sociaux, notamment ne pas avoir plus de six personnes
dans les moments privés ou familiaux car on sait que c'est à ce
moment là que le virus se transmet", a encore plaidé le Premier
ministre.
"J'invite les habitants des 23 départements concernés de ne
pas sortir autant que possible de leur département ou de leur
région s'agissant des départements franciliens."
Le président Emmanuel Macron a évoqué l'idée de "tenir"
encore "quatre à six semaines" lors d'un déplacement lundi en
Seine-Saint-Denis.
Appelant à la "mobilisation générale" pour gagner une
"course contre la montre", Jean Castex a dit viser 10 millions
de vaccinations d'ici mi-avril, 20 millions d'ici mi-mai et 30
millions d'ici l'été, avec l'élargissement de la campagne aux
50-74 ans sans comorbidités dès avril.
A ce jour, 3,2 millions de personnes ont été vaccinées dans
le pays, dont 1,8 million ayant reçu les deux doses du vaccin, a
précisé le chef du gouvernement, qui a rappelé que la France
attendait 22 millions de doses en mars-avril.
Parmi les personnes vaccinées, 80% des résidents dans les
Ehpad le sont, ce qui "ouvre la voie à une adaptation des règles
de vie" pour ces derniers, mais pas à un allègement généralisé
des mesures restrictives dans le pays, comme le couvre-feu à 18
heures ou la fermeture des restaurants et des lieux culturels, a
dit Jean Castex.
PAS ASSEZ DE SOIGNANTS VACCINÉS
Le Premier ministre a en revanche déploré qu'un nombre
insuffisant de personnels soignants soient vaccinés.
"Les soignants, médecins, infirmiers, aides-soignants, aides
à domicile sont éligibles à la vaccination depuis début janvier.
Or, seul un soignant sur trois est aujourd'hui vacciné", a
regretté Jean Castex.
"Ce n'est pas normal et cela compromet notre capacité à
lutter effectivement et efficacement contre le virus", a-t-il
insisté.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a aussi appelé les
soignants à se faire vacciner, promettant de leur écrire "dès
demain" pour les y inciter "très fortement".
"Quand on est soignant, il est de notre (sic) responsabilité
de se protéger soi-même et ceux dont on a la prise en charge",
a-t-il souligné.
Olivier Véran a indiqué que les pharmaciens pourraient
vacciner à partir du 15 mars les personnes de plus de 50 ans
présentant des facteurs de risque, et vanté les mérites du
vaccin AstraZeneca, dont il a assuré que l'efficacité
était au moins aussi élevée que ceux de Pfizer et
Moderna.
"Nous avons demandé l'ouverture de centres de vaccinations
et de centres éphémères de manière à vacciner tout ce week-end",
a ajouté le ministre.
(Tangi Salaün, édité par Bertrand Boucey)