ROME/MILAN, 12 décembre (Reuters) - Quatre banques sauvées par l'Etat italien le mois dernier se sont peut-être rendues coupables d'une forme de tromperie lors de la vente d'obligations en ne mettant pas suffisamment en garde des investisseurs particuliers qu'ils risquaient de perdre leur argent, a déclaré vendredi le ministre de l'Economie.

Le gouvernement du président du Conseil Matteo Renzi est de plus en plus critiqué par de petits porteurs italiens qui ont perdu leurs économies dans le cadre du plan de sauvetage.

Fin novembre, l'Italie a lancé un plan de renflouement de 3,6 milliards d'euros destiné aux banques Banca Marche, Banca dell'Etruria e del Lazio, Cassa di Risparmio di Chieti et Cassa di Risparmio di Ferrara avant l'entrée en vigueur de nouvelles normes européennes en janvier sur le sauvetage des établissements bancaires.

Quelque 130.000 actionnaires et environ 10.500 porteurs d'obligations ont été affectés par ce plan. Pour ces derniers, ce fut la première fois depuis les années 1930 qu'ils ont accusé des pertes à l'occasion d'une crise bancaire.

Le suicide d'un retraité qui avait perdu de l'argent à la suite du sauvetage a exacerbé le ressentiment, ce qui a conduit certains à se demander si les quatre banques avait suffisamment averti leurs clients des risques qu'ils encouraient en achetant des obligations.

"On ne peut exclure que les quatre banques ont vendu des obligations subordonnées à des personnes dont le profil de risque n'est pas compatible avec ce type d'investissement (...)', a dit le ministre de l'Economie Pier Carlo Padoan lors d'une audition devant le Parlement.

Il a réaffirmé que le gouvernement envisageait de mettre sur pied un fonds pour compenser une partie de l'épargne qui a été perdue.

Le Trésor a déclaré de son côté que les quatre banques avaient émis un total de 768 millions d'euros d'obligations "junior", les petits porteurs s'étant portés acquéreurs d'au moins 340 millions d'euros.

Ces derniers ont toujours représenté une source de financement assurée pour les banques, qui vendent leurs propres obligations dans leurs agences.

Des courtiers ont dit vendredi que nombre d'actionnaires individuels ont essayé de vendre des obligations bancaires mais comme les investisseurs institutionnels n'ont montré aucun intérêt pour ces actifs, leur prix a continué de baisser.

"Les gens en Italie se précipitent pour vendre des obligations bancaires subordonnées. Les petits porteurs sont effrayés par les protestations suscitées par le sauvetage des quatre banques et essayent de vendre, mais il n'y a aucune demande", a déclaré Giuseppe Sersale, gérant de fonds chez Anthilia Capital.

Les obligations émises par des banques telles que Veneto Banca, Banca Popolare di Vicenza, Banca Monte dei Paschi di Siena et Banca Carige ont le plus souffert de ce mouvement, a dit Alberto Gallo, analyste chez Royal Bank of Scotland. (Isla Binnie et Silvia Aloisi, Benoit Van Overstraeten pour le service français)