* Le ministre de l'Economie doit rencontrer des investisseurs à Londres

* Les investisseurs privés détiendront au moins 55% de la structure

* Les banques saines pourront entrer au capital (Actualisé avec détails sur la décote en fin de dépêche)

par Jesús Aguado et Sonya Dowsett

MADRID, 3 octobre (Reuters) - Le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos doit rencontrer des investisseurs privés à Londres jeudi pour tenter de les convaincre d'entrer au capital de la structure de défaisance ("bad bank") créée en Espagne pour accueillir les actifs immobiliers à risque des banques.

Madrid souhaite que les investisseurs privés représentent au moins 55% de cette "Société de gestion d'actifs" dont la création vise à assainir le bilan des banques espagnoles et de libérer leur potentiel de prêts à l'économie, a-t-il déclaré mercredi au Parlement.

"Nous prévoyons que (les investisseurs privés) représenteront au moins 55% du capital et de la dette subordonnée', a-t-il dit. "Des entités financières y participeront, en dehors de celles qui ont transféré des actifs à la société, des assureurs et autres investisseurs qualifiés."

La création de cette structure, qui devrait être opérationnelle début décembre, est une condition de l'octroi aux banques espagnoles d'un montant maximum de 100 milliards d'euros d'aide de l'Union européenne pour renflouer son système bancaire frappé par l'éclatement de la bulle immobilière en 2008.

Selon un audit indépendant publié vendredi, les banques espagnoles ont besoin de 59,3 milliards d'euros de capitaux. (voir )

La "bad bank" sera financée par les banques qui auront transféré des actifs, celles-ci recevant en contrepartie des obligations garanties par l'Etat espagnol, qui seront acceptées comme collatéral par la Banque centrale européenne.

De plus, une composante de fonds propres (capital et dette subordonnée) représentant environ 10% de la valeur des actifs devrait être souscrite par le FROB, le fonds public espagnol d'aide au secteur bancaire, et des investisseurs institutionnels privés.

Des détails seront fournis dans les jours à venir sur cette structure, dont la création a été annoncée officiellement la semaine dernière.

La question de la valorisation des actifs concernés est essentielle: elle doit être suffisamment faible pour attirer les investisseurs privés, sans pour autant entraîner de nouvelles pertes pour les banques espagnoles, déjà très fragiles.

L'Espagne a déjà contraint par deux lois ses banques à déprécier 137 milliards d'euros d'investissements douteux dans l'immobilier, donnant aux créanciers une couverture moyenne de 45% sur la valeur comptable.

Des sources bancaires s'attendent toutefois à ce qu'une décote supplémentaire de 5% à 10% soit appliquée avant le transfert à la structure de défaisance afin de séduire les investisseurs. (Véronique Tison et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)

Valeurs citées dans l'article : Bankia SA, Banco Santander, S.A., Banco de Valencia SA