Le groupe Bastide est reparti à l’offensive en ce début d’année. Après avoir souffert d’un effet de base difficile lié au boom des ventes de « produits Covid », la direction a annoncé début janvier pas moins de trois acquisitions en France. De plus, elle s’est attaché les services de Jean-Claude Brdenk, ex-DG Délégué d’Orpéa. L’occasion de revenir sur les citations de Bastide dans le livre Les Fossoyeurs qui condamne le fonctionnement de ce client du Groupe Bastide.

Vincent Bastide, pourquoi avoir réalisé 3 acquisitions en France alors que votre Groupe cherche à réduire son exposition à la France ?

" L’opportunité s’est présentée de nous renforcer dans les métiers de la vente à distance en prenant le contrôle de Distrimed. Distrimed, qui a réalisé 12,3 M€ de CA en 2020, est le n°2 français de la vente en ligne de dispositifs médicaux à destination des professionnels de santé derrière le n°1 qui pèse environ 20M€ de CA. L’ensemble des activités de vente à distance du Groupe s’approchera ainsi des 40 M€ en année pleine et nous positionne dans le top 3 en France. Les deux autres opérations sont de taille plus modeste. La première, Saad Perfusion, est dans la droite ligne de notre stratégie de services de maintien à domicile et réalise 0,7M€ de CA dans la région Grand-Est. Enfin, Care Service est une start-up innovante dans la mise en relation numérique entre professionnels de santé.  Cette opération n’est pas significativement contributrice à court terme mais revêt un intérêt stratégique compte tenu du potentiel très important du maintien à domicile dans la prise en charge de pathologies de plus en plus lourdes. La contribution en chiffre d’affaires de Care Service pourrait s’élever à 4 à 5M€ d'ici 2 ans, moyennant une marge opérationnelle de l’ordre de 80% de MOC car il s’agit d’une activité purement logicielle. "

Quelle est votre stratégie de développement à l’international ?

 " Nous avons un certain nombre de cibles à l’étude. L’objectif est de passer de 14% à environ 30% de notre activité à l’international d’ici 3-4 ans. Nous cherchons à croitre dans les métiers de l’assistance respiratoire et de la nutrition perfusion car ce sont les métiers les plus techniques et sur lesquels les barrières à l’entrée sont les plus élevées. D’où des niveaux de marge plus élevés. Nous n’avons pas vraiment de limite géographique, sachant qu’à la différence de la France, les marchés font l’objet d’appels d’offre avec des référencements régionaux comme nous en avons remportés au Royaume-Uni. Ainsi, nous subirons moins les pressions tarifaires que nous connaissons en France et nos métiers de services verront leur poids passer de 55% du CA à environ 2/3 du CA Groupe."

La publication d'un livre à charge sur le groupe Orpéa présente Bastide comme le « plus gros et le plus ancien fournisseur d’Orpéa ». Quel chiffre d’affaires réalisez-vous avec le leader mondial des maisons de retraite ?

 " Nous réalisons moins de 5% du CA avec Orpéa, dont 2 à 3% en France. Orpéa est un de nos clients EHPAD, lesquelles pèsent pour 30% du CA de Bastide. Nous sommes le fournisseur d’Orpéa pour tout ce qui est lits médicalisés, soulèves malades, fauteuils roulants, supports de prévention d’escarres et pansements. "

L’auteur de l’ouvrage décrit un système de surfacturations suivi de remises de fin d’années permettant d’optimiser les financements publics. Confirmez-vous ses propos ?

 " Il faut savoir que le recours aux marges arrière remonte en grande partie à 2008 lorsque l’Etat français a modifié le mode de prise en charge des lits médicalisés, les fauteuils roulants, les soulève malade et les supports de prévention d’escarres. Avant, le matériel était financé par l’assurance maladie sur prescription du médecin, comme si le patient était à domicile. Les remises de fin d’année n’existaient donc pas. Depuis le 1er août 2008, ce sont les établissements type EHPAD qui sont les acheteurs de matériels, moyennant une enveloppe journalière par résident de 2,32€ TTC. D’apporteurs d’affaires, les EHPAD sont donc devenues établissements payeurs, les poussant à massifier leurs achats avec un fournisseur pour négocier des prix aussi serrés que possible. Bastide, en tant que prestataire fournisseur, a d’ailleurs vu ses marges fortement impactées à l’époque. Il n’y a pas eu de surfacturation comme le décrit Victor Castanet dans l’ouvrage, mais seulement un système de marges arrière qui permet d’ajuster le prix final aux volumes réellement consommés comme cela se pratique dans l’hôtellerie ou dans la grande distribution. A noter que la qualité de nos prestations n’est nullement mise en doute par l’auteur et qu’Orpéa fait également appel à nous à l’international où les systèmes de prise en charge sont différents. " 

Bastide vient d’embaucher l’ex-DG exploitation d’Orpéa. Est-ce une coïncidence ? Ces révélations remettent-elles en cause la confiance ou les missions que le Groupe accorde à M.Brdenk ?

" Je pense que c’est une coïncidence car je ne pense pas que Jean-Claude Brdenk était au courant de cette enquête à charge contre Orpéa au moment de son départ du groupe en décembre dernier. Nous avons recruté Jean-Claude Brdenk en janvier sans avoir été informé de la sortie de cet ouvrage. M. Brdenk a pour missions de nous aider à développer l’international par croissance externe. Pour le connaître de longue date, j’ai été surpris par le mode de management qui est décrit par cet ouvrage et qui ne correspond pas au climat de respect et de confiance qui anime notre société depuis 45 ans. "

Historique de performance du Groupe Bastide (source : société)

L'auteur, Raphaël Girault, est actionnaire de la société.