Zurich (awp) - Le groupe énergétique BKW a fait état pour 2021 d'un bénéfice net en repli, essentiellement en raison de la fermeture prolongée de la centrale nucléaire de Leibstadt, qui l'a forcé à s'approvisionner à des prix sensiblement plus élevés. Malgré cette déconvenue, les actionnaires se verront proposer un dividende en légère hausse.

La prestation totale s'est enrobée de 13,6% à 3,55 milliards de francs suisses, mais le bénéfice avant intérêts et impôts (Ebit) a stagné à 395 millions. La rentabilité opérationnelle a été plombée par la prolongation de la révision de la centrale de Leibstadt, restée à l'arrêt un bon mois de plus que prévu, ce qui a contraint BKW à se procurer l'énergie déjà promise à la vente "à un prix extrêmement élevé sur un marché de l'énergie en proie à de vives tensions".

Dans un communiqué, l'énergéticien bernois assure mardi qu'ajustée de ce revers, sa performance aurait dépassé à la fois ses perspectives pour 2021 et le résultat de l'exercice précédent. Le bénéfice net accuse un repli de 14,4% à 327 millions de francs suisses. Le conseil d'administration proposera néanmoins à ses actionnaires le versement d'un dividende relevé de 20 centimes à 2,60 francs suisses par action.

Si l'Ebit et le bénéfice net correspondent exactement aux projections brossées par les analystes du consensus AWP, le chiffre d'affaires et le relèvement du dividende ont dépassé les prévisions les plus optimistes.

Pour l'année en cours, la direction de BKW table sur un Ebit se situant entre 460 et 500 millions de francs suisses, mais relève que les conséquences du conflit russo-ukrainien pourraient peser sur le marché européen de l'énergie, et partant, sur son résultat 2022. Le groupe estime néanmoins avoir "tous les atouts en main" pour surmonter ces difficultés, "grâce à sa bonne gestion des risques et à sa structure financière solide".

Risque ukrainien maîtrisé

Les objectifs brossés pour l'année en cours ne comprennent pas le "scénario du pire" en ce qui concerne la guerre en Ukraine, a indiqué en conférence de bilan la directrice générale (CEO) sortante Suzanne Thoma.

Et d'assurer que les risques liés aux activités de négoce ont été identifiés et sont surveillés en permanence. Même si le prix de l'électricité venait à augmenter encore plus fortement, BKW serait en mesure d'assumer les liquidités nécessaires.

A fin 2021, quelque 300 millions de francs suisses étaient déposés en garantie auprès des Bourses de l'énergie, a indiqué le directeur financier (CFO) Ronald Trächsel. A cela s'ajoutent des liquidités avoisinant le milliard de francs suisses, ainsi qu'une ligne de crédit supplémentaire mise en place pour pouvoir faire face à d'autres turbulences.

Dans une note, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) souligne que la baisse de la rentabilité est à mettre sur le compte essentiellement de l'arrêt prolongé de la centrale de Leibstadt, alors que les recettes engrangées par la division Energie ont dépassé de plus de 150 millions de francs suisses les prévisions. L'établissement cantonal confirme dans la foulée sa recommandation d'achat (surpondérer).

De son côté, Baader Helvea estime que les objectifs formulés pour 2022 sont plutôt timorés: au vu notamment de l'évolution attendue du prix de l'électricité, on aurait pu s'attendre à un relèvement des ambitions en matière d'Ebit de 150 millions supplémentaires à l'horizon 2026. Par ailleurs, aucune information n'a été donnée quant à la succession de Mme Thoma, constate le courtier genevois, qui conseille de se défaire du titre.

Bien que globalement supérieurs aux projections, les chiffres de l'énergéticien bernois n'ont pas convaincu les investisseurs. A 12h20, la nominative BKW s'enfonçait de plus de 2,9% à 113,00 francs suisses, sous-performant nettement un SPI en repli de 0,18%.

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