par Matthieu Protard

La première banque française par la capitalisation boursière - et deuxième de la zone euro après l'espagnole Santander - a dégagé un bénéfice net de 1,3 milliard d'euros sur le trimestre clos au 30 septembre, en hausse de 44,8% grâce à la contribution de Fortis et aux activités de marché.

Le consensus réalisé par la rédaction de Reuters auprès de 12 analystes tablait sur un résultat net de 1.184 millions d'euros.

"Une fois encore, BNP Paribas est parvenu à dégager une solide performance opérationnelle qui lui permet d'absorber les provisions qui restent stables par rapport au deuxième trimestre", relèvent les analystes de KBW.

"Malgré la poursuite de la crise qu'il ne s'agit pas de minimiser, BNP montre une résistance évidente, notamment grâce à la dynamique de ses revenus et à la maîtrise de ses coûts", souligne Pierre Chedeville, analyste chez CM-CIC Securities.

Vers 16h10, l'action BNP Paribas gagnait 3,08% à 54,25 surperformant l'indice de référence DJ Stoxx des banques européennes en légère progression de 0,21% au même moment. Depuis le début de l'année, le titre s'adjuge 84,67%.

Dans leur note, les analystes de Nomura insistent aussi sur la bonne contribution au résultat opérationnel de la première banque française du belge Fortis, dont une partie des activités ont été rachetées cette année par BNP.

Fortis a en effet contribué à hauteur de 575 millions d'euros au résultat avant impôt là où le consensus tablait sur 222 millions d'euros.

MAINTIEN DU COÛT DU RISQUE À UN NIVEAU ÉLEVÉ

Pour le troisième trimestre, le produit net bancaire de BNP Paribas ressort à 8,6 milliards d'euros. Dans la banque de financement et d'investissement, le groupe a dégagé un résultat avant impôt de 1.236 millions d'euros par rapport à un consensus de 813 millions d'euros.

Les provisions pour risque de crédit se sont élevées à 2.300 millions d'euros sur le trimestre en raison de la crise, en ligne toutefois avec les attentes du marché.

Baudouin Prot, le directeur général de la banque, a prévenu que le coût du risque de la banque, qui mesure le montant des provisions passées pour couvrir les pertes sur les crédits bancaires, se maintiendra à un niveau élevé sur les prochains trimestres, mais tout en se disant "confiant" pour l'activité de BNP.

"Globalement, nous devrions avoir, encore pour quelques trimestres, un coût du risque élevé", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, sans toutefois donner de prévisions chiffrées.

Il a néanmoins ajouté qu'il espérait une baisse du coût du risque de BNP Paribas à partir de la seconde moitié de 2010.

Partout dans le monde, les provisions pour pertes sur le crédit continuent de plomber les comptes des banques. En Allemagne, les comptes trimestriels de la Commerzbank et de la Deutsche Bank ont aussi été affectés par le coût du risque.

Aux Etats-Unis, les difficultés de Banc of America dans le crédit aux particuliers ont entraîné ses comptes dans le rouge.

"PRIORITÉ" À L'INTÉGRATION DE FORTIS

BNP Paribas, qui organise le 1er décembre une journée spéciale sur l'intégration de Fortis pour les investisseurs, s'est montré jeudi prudent sur les acquisitions, insistant davantage sur le potentiel de croissance organique grâce au rachat de la banque belge.

"Notre priorité, pour les prochains trimestres, c'est vraiment d'intégrer Fortis", a dit Baudouin Prot à des journalistes à l'issue de la conférence de presse.

"Rajouter quoi que ce soit à cela, ce n'est pas forcément impossible mais ce n'est pas une nécessité. Il faut que ce soit vraiment très convaincant sur le plan industriel et financier", a-t-il ajouté.

Interrogé plus spécifiquement sur un intérêt pour les activités d'assurance de la banque ING, contrainte de scinder ses activités bancaires et d'assurance, Baudouin Prot a répondu que BNP Paribas n'était pas intéressé par l'acquisition de nouvelles activités d'assurance au Benelux.

La banque, qui a lancé fin septembre une augmentation de capital de 4,3 milliards d'euros pour rembourser les aides publiques touchées au plus fort de la crise financière, a également fait savoir que son ratio de solvabilité financière "tier one" était de 10% à fin septembre contre 9,3% à fin juin.

Avec la contribution de Juliette Rouillon, édité par Cyril Altmeyer et Gilles Guillaume