relance (économiste)

PARIS (awp/afp) - L'enjeu du projet de budget 2021 que le gouvernement présente lundi et du plan de relance qu'il contient, est d'avoir "un effet rapide en terme de confiance" mais la fin de 2020 sera aussi cruciale, juge Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas.

QUESTION: Paradoxalement, malgré la crise, le projet de budget du gouvernement pour 2021 n'est-il pas moins difficile à boucler pour le gouvernement?

REPONSE: Effectivement, en terme de bouclage global du budget c'est moins compliqué que les années précédentes, puisque la maîtrise des déficits budgétaires n'est pas le sujet du moment. L'objectif c'est le soutien à la croissance et au marché du travail. Toute la question est donc de savoir quelle sera l'efficacité du plan de relance. Et surtout, il faut gérer la transition entre fin 2020 et début 2021. Pour l'instant, la croissance française est soutenue par un effet de rattrapage d'activité après le confinement. Mais dès lors que cet effet de rattrapage va s'estomper, et ça a déjà commencé, à quelle vitesse récupérerons-nous les fameux 5% (d'écart d'activité par rapport à la situation d'avant-crise) qu'il nous reste à récupérer? S'il n'y a pas de progrès supplémentaire d'ici la fin 2020, là, il va y avoir un sujet.

Q.: Comment s'assurer justement que la situation économique s'améliore l'an prochain?

R.: Ce qui compte c'est que le plan de relance ait un effet rapide en termes de confiance. Qu'il aide à donner un peu de visibilité, surtout aux entreprises, pour qu'elles recommencent à embaucher. Les effets stricto sensu du plan de relance ne seront pas ressentis de manière immédiate, mais il faut espérer qu'il y ait un effet plus tôt sur les indicateurs de moral des ménages et du climat des affaires. Il faut que le plan de relance parvienne à atténuer les craintes des ménages vis-à-vis du chômage et de leur niveau de vie, car de cette confiance des consommateurs découlera aussi la vitesse à laquelle ils dépenseront leur épargne forcée. Et pour débloquer cette épargne forcée, il faut que la situation sur le marché du travail soit la plus favorable possible et pour cela, il faut aider les entreprises. Le plan de relance cible donc les bons problèmes en soutenant l'offre, mais je me demande s'il ne faudrait pas trouver quelque chose qui soutienne de manière plus immédiate et plus visible la demande.

Q.: Ce budget et le plan de relance ne marquent-t-il pas en ce sens un retour à la politique de l'offre de la part du gouvernement, notamment avec la baisse de 10 milliards d'euros des impôts de production?

R.: Au début du quinquennat, l'accent avait effectivement été mis sur les mesures d'offres, mais après il a fallu gérer la crise des Gilets jaunes et les grèves contre la réforme des retraites, du coup l'accent sur la demande est revenu sur le devant de la scène (baisse d'impôt sur le revenu, etc.). Mais le soutien à la demande n'a jamais été totalement absent depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron. Et malgré la crise des "gilets jaunes", les mesures d'offre actées ou en projet n'ont pas non plus été remises en cause (baisse de l'impôt sur les sociétés et baisse des impôts de production). Aujourd'hui, l'accent est mis sur les mesures d'offre car ce sont les entreprises qui ont été les plus touchées par la crise, mais les mesures de chômage partiel, qui protègent les salaires, peuvent être à la fois considérées comme des mesures d'offre et de demande.

mhc/ak/swi