Paris (awp/afp) - Le géant de la distribution Carrefour a annoncé jeudi que 47 nouveaux magasins - 37 supermarchés Market et 10 hypermarchés -, soit environ 3.500 salariés, basculeraient dans la location-gérance en 2021, ont indiqué la direction et des représentants syndicaux.

Le groupe "a fait le choix de ne pas fermer ou vendre ces hypermarchés", a expliqué Carrefour, sollicité par l'AFP. "Carrefour est engagé dans une transformation de son modèle" depuis l'arrivée à sa tête d'Alexandre Bompard et ce passage en location-gérance s'inscrit dans "un plan de transformation pour que certains de nos hypermarchés retrouvent une dynamique de croissance".

"Après avoir plusieurs fois reporté cette annonce, la direction vient donc de rendre publique la liste de 47 magasins. Cela concerne malheureusement 3.486 salariés qui vont quitter le groupe", déplore la CFDT dans un communiqué.

Depuis 2018, 32 hypermarchés sur 240 sont désormais placés en location-gérance, a précisé Philippe Allard, délégué syndical groupe (CGT). Avec 9 Market concernés, l'Ile-de-France est particulièrement visée, a-t-il ajouté.

"On va se rapprocher de nos avocats pour contester et pour que les tribunaux reconnaissent le désengagement complet de Carrefour", a-t-il poursuivi.

"Carrefour vient de dépasser le chiffre de 10.000 salariés transférés à des repreneurs ces trois dernières années, complète la CFDT. Cette sous-traitance sociale provoque des pertes de rémunération estimées à un ou deux mois et des pertes importantes d'avantages sociaux".

La location-gérance consiste à externaliser le fonctionnement d'un magasin, confié à un gérant dont la marge de manoeuvre est limitée.

"A la suite de cette annonce, la CFDT réunira tous ses mandatés nationaux le 19 avril afin de décider des suites à donner au mouvement du 3 avril et à cette décision qui intervient dans un contexte difficile de crise sanitaire", prévient le syndicat.

Depuis plusieurs semaines, la grogne sociale monte au sein du groupe de distribution. Un mouvement de grève a ainsi perturbé le fonctionnement d'une centaine de magasins lors du week-end de Pâques et plusieurs entrepôts ont ensuite été bloqués.

Les représentants du personnel dénoncent les mauvaises conditions de travail et réclament des hausses de salaires alors que les salariés ont été particulièrement sollicités et exposés depuis le début de la crise sanitaire et que le groupe a enregistré en 2020 d'excellents résultats financiers.

afp/rp