Paris (awp/afp) - Les ventes du géant de la distribution Carrefour, portées depuis plusieurs mois par une forte inflation alimentaire, sont restées stables au troisième trimestre 2023 à 23,6 milliards d'euros, en raison notamment d'une hausse moins rapide des prix en rayons.

Matthieu Malige, directeur exécutif finances et gestion de Carrefour, a indiqué lors d'un point presse téléphonique mercredi au sujet de l'inflation que la "dynamique de baisse s'était poursuivie après un pic à peu près atteint au mois de mars pour ce qui concernait la France", anticipant une dynamique similaire sur la fin 2023.

En 2022 par rapport à 2021, la hausse des ventes du même groupe sur la même période était toute autre, de l'ordre de 15%, gonflée par la forte progression du prix des denrées alimentaires. Cette fois, les ventes de Carrefour, avec l'essence et à changes courants, n'ont progressé par rapport à 2022 que de 0,5%.

Elles sont néanmoins supérieures aux attentes des analystes financiers sondés par Bloomberg et Factset.

L'évolution des ventes du distributeur en Europe a globalement suivi celle de l'inflation, et Matthieu Malige a précisé que la hausse des prix continue d'avoir des conséquences sur les volumes vendus, "en baisse de quelques pour cent". "La dynamique de déconsommation se poursuit", a-t-il indiqué.

Dans ce contexte, le groupe se félicite de la progression des ventes de ses produits à marque propre (ou produits sous marques de distributeurs, créées ou détenues par les supermarchés). Ils ont pesé "plus de 35% des ventes alimentaires sur le trimestre", soit 3 points de mieux qu'un an plus tôt.

Les produits à marques de distributeurs sont mis en avant depuis le début de la crise inflationniste par les supermarchés car ils sont généralement moins chers que leurs équivalents de grande marque. Les supermarchés réalisent en outre souvent de meilleures marges sur ces produits, estiment les spécialistes.

"Déflation alimentaire" au Brésil ___

Au sujet du Brésil, pays important pour le distributeur français, Carrefour évoque un "environnement plus difficile", avec une "déflation alimentaire annuelle depuis le mois d'août" et "un ralentissement de plus de 4 points par rapport au trimestre précédent, tandis que les volumes restent en repli".

Carrefour "aborde la fin de l'année avec confiance et confirme ses objectifs pour l'exercice 2023", à savoir "croissance de l'Ebitda (excédent brut d'exploitation, NDLR), du résultat opérationnel courant et du cash-flow libre net (flux de trésorerie, NDLR)", a déclaré dans le communiqué mercredi Alexandre Bompard, PDG du groupe.

Le groupe annoncera ses résultats financiers pour l'ensemble de l'année 2023 le 20 février 2024.

Il a été chahuté ces dernières semaines par certaines de ses organisations syndicales, qui lui reprochent une politique de "casse sociale à bas bruit" avec le passage de magasins en location-gérance, ce qui consiste à confier à un tiers l'exploitation du magasin, tout en restant propriétaire du fonds de commerce.

Carrefour justifie cette politique en assurant qu'elle permet "d'éviter la fermeture d'hypermarchés en difficulté" et de relancer l'activité commerciale. Les syndicats assurent que cela se fait au détriment des conditions de travail des salariés concernés.

Carrefour a annoncé prévoir le passage de 37 nouveaux magasins en location-gérance en 2024, portant le total de magasins ainsi transférés à plus de 300 (dont 80 hypermarchés), selon des estimations de la CFDT qui évalue à 23.000 le nombre de salariés ainsi sortis des effectifs du groupe en France.

La direction de l'entreprise ne donne plus d'informations sur le nombre de salariés du groupe dans son pays. A fin 2022, Carrefour employait 334.640 personnes dans le monde, dont 174.319 en Europe. Si ses effectifs étaient en progression au global par rapport à 2021, notamment au Brésil, ils étaient en recul de 9% en Europe.

afp/rp