ajoute déclaration du procureur général du texas

NEW YORK (awp/afp) - Du procureur général du Texas au régulateur de la Bourse américaine, les attaques ont fusé vendredi contre les grands fonds d'investissement de Wall Street et des plateformes de courtage, soupçonnés d'avoir voulu manipulé le marché boursier en limitant certains échanges.

Dans un communiqué au vitriol, le procureur général du Texas a réclamé à plusieurs entreprises, dont les courtiers Robinhood et TD Ameritrade, des explications sur les limitations qu'ils ont imposées sur les transactions de titres ayant fait l'objet d'achats massifs ces derniers jours.

"Les grandes boîtes de Wall Street ne peuvent pas restreindre l'accès du public au libre marché et ne devraient pas censurer la discussion à ce sujet, surtout si c'est pour leur propre bénéfice", a fustigé Ken Paxton.

"Cette coordination vraisemblable entre des hedge funds, des plateformes de courtage et des serveurs internet pour écarter des menaces à leur domination du marché est scandaleusement inédite et injuste. Cela pue la corruption", a-t-il ajouté.

Le régulateur américain de la Bourse, la SEC, avait plus tôt dans la journée dit "surveiller et évaluer de près l'extrême volatilité du prix de certaines actions" après la folle envolée à Wall Street de titres comme GameStop ou la chaîne de cinémas AMC.

La Securities and Exchange Commission a promis d'agir afin de "protéger les petits investisseurs lorsque les faits démontrent une activité boursière abusive ou manipulatrice qui est interdite par les lois fédérales sur les valeurs mobilières".

De la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, qui a organisé jeudi soir une discussion sur le sujet sur la plateforme Twitch, au sénateur républicain Ted Cruz, de nombreux élus ont aussi fait part de leur indignation.

La présidente du comité des Finances de la Chambre des représentants, Maxine Waters, a annoncé jeudi une audition parlementaire, dont la date n'a pas encore été fixée, sur "l'attitude prédatrice" des hedge funds.

Armée Reddit

Depuis la fin de la semaine dernière, le titre du revendeur de jeux vidéo GameStop connait une incroyable ascension à Wall Street.

L'action a soudainement augmenté quand une armée d'investisseurs amateurs, utilisant un forum du site Reddit, a décidé d'acheter massivement l'action de cette chaîne de magasins de jeux vidéo, dont la santé financière et les perspectives de croissance laissent pourtant à désirer.

Ces boursicoteurs se sont lancés dans une bataille contre des grands fonds d'investissement, qui avaient parié à la baisse sur le titre afin d'engranger des profits conséquents.

La progression de GameStop, qui s'échange sous le symbole GME au New York Stock Exchange, force en effet ces fonds à racheter au prix fort des actions qu'ils avaient vendues afin de limiter leurs pertes.

Le hedge fund Melvin Capital a ainsi dû liquider ses positions sur GME et être renfloué de 2,75 milliards de dollars par d'autres sociétés d'investissement.

L'action GameStop, qui valait 43,03 dollars jeudi de la semaine dernière à Wall Street, a terminé la semaine à 325 dollars, soit une hausse de plus de 650%.

D'autres entreprises cotées que les fonds d'investissement voyaient s'effondrer, ont également profité d'un afflux, notamment AMC, la chaîne de grands magasins Bed Bath & Beyond ou encore le fabricant de logiciels d'entreprises BlackBerry.

Robinhood tombe en disgrâce

Ces fluctuations ont poussé plusieurs courtiers, dont la populaire application Robinhood, prisée des boursicoteurs et dont la devise est de "démocratiser la finance pour tous", à limiter les échanges sur un panier d'actions jugées trop volatiles.

Cette mesure avait contribué à la chute de GME de près de 45% jeudi.

Mais après le tollé suscité par cette initiative, la plateforme a annoncé "une reprise limitée des achats de ces titres" à partir de vendredi. De nombreuses restrictions restaient cependant en place.

Selon la presse américaine, l'entreprise a levé 1 milliard de dollars auprès d'investisseurs afin de renflouer ses caisses et de permettre à ses clients de continuer d'investir dans les actions de leur choix.

Robinhood doit en effet disposer d'un certain niveau de liquidités au sein des institutions financières qui facilitent l'exécution d'ordres passés sur la plateforme. En cas de demande accrue, les sommes requises augmentent.

Charles Schwab, qui possède la plateforme de courtage TD Ameritrade, a de son côté assuré ne pas avoir imposé la moindre restriction, mais pris les précautions nécessaires "pour s'assurer que les clients aient suffisamment d'actifs pour payer leurs achats d'actions".

dho/jum