(nouveau : cours mis à jour, plus de commentaires et de cours, action SVB suspendue)

FRANCFORT (dpa-AFX) - Les problèmes de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB) ont laissé des traces en Europe vendredi. Le secteur le plus faible a été celui des actions bancaires, avec une baisse de près de quatre pour cent. Certains experts mettent en garde contre la propagation des problèmes de l'établissement américain de financement de start-ups à l'ensemble du secteur. Néanmoins, les cours des valeurs bancaires européennes ont suivi les faibles indications en provenance des États-Unis. Des souvenirs de la crise financière ont refait surface.

La veille, SVB avait créé la surprise en annonçant l'émission d'actions après une vente massive d'actifs tels que des obligations d'État et des titres hypothécaires, qui s'était soldée par une perte. En effet, la valeur de ces titres diminue lorsque les taux d'intérêt augmentent. En outre, la société a annoncé une perte de plusieurs milliards de dollars pour le premier trimestre. Les investisseurs ont probablement retiré des fonds en masse, car ils craignent pour la santé de la banque californienne de la Silicon Valley, qui est une filiale de SVB Financial.

Daniel Pfändler, stratégiste de portefeuille chez Mainsky Asset Management, a qualifié la situation du secteur bancaire américain de très préoccupante. Il a certes parlé d'un cas particulier pour le financier de start-up SVB, de sorte qu'il estime que la probabilité d'une crise bancaire systémique est actuellement faible. Toutefois, les perturbations montrent que dans le secteur bancaire "un environnement fondamental plus difficile et un environnement de politique monétaire restrictif s'affrontent".

Il n'est donc pas surprenant que les banques européennes aient été à la traîne par rapport aux autres secteurs. Anke Reingen, analyste chez RBC, a toutefois souligné dans une étude qu'elle estimait que la baisse des cours dans le secteur était exagérée, car les banques européennes sont bien mieux diversifiées et structurées sur le plan financier.

A Francfort, les actions de la Deutsche Bank ont perdu 7,4 pour cent et sont devenues la lanterne rouge du Dax. Les actions de la Commerzbank ont reculé de 2,6%. Sur la scène européenne, les valeurs sectorielles comme BNP Paribas, BBVA, Santander, ING, UBS ou Credit Suisse ont perdu entre 3,4 et 4,8 pour cent.

Les titres de SVB Financial, en difficulté, ont encore chuté de près de 70% dans les échanges pré-bourse américains, après avoir déjà perdu plus de 60% la veille. Actuellement, la négociation des titres est interrompue. Selon la chaîne d'information CNBC, les efforts pour une augmentation de capital ont échoué et des négociations sont en cours pour une vente.

"La Silicon Valley Bank semble encore être un cas isolé", a souligné le gérant de fonds Thomas Altmann du gestionnaire d'actifs QC Partners. "Mais les crises précédentes ont montré à quel point les risques de contagion entre banques sont importants. C'est pourquoi les investisseurs sont si sensibles aux nouvelles en provenance de Californie".

Le stratège en chef Joachim Klement de la banque d'investissement Liberum Capital a évoqué les craintes croissantes d'un resserrement du crédit. Il ne s'attend toutefois pas à ce que la situation de SVB constitue une menace immédiate pour le système bancaire européen. L'établissement américain a un modèle d'affaires très particulier et est spécialisé dans le capital-risque et le financement de jeunes entreprises en croissance. C'est assez unique sur la scène bancaire. Les créances douteuses devraient certes augmenter cette année, mais les réserves des banques en Europe et aux Etats-Unis sont suffisantes pour faire face à d'éventuels problèmes.

La veille, les nouvelles de SVB se sont ajoutées à d'autres mauvaises nouvelles du secteur. La crise du marché des monnaies numériques comme le bitcoin et l'éther avait auparavant mis à genoux un poids lourd du secteur des crypto-monnaies, le groupe financier américain Silvergate Capital. La cryptobanque a annoncé la veille qu'elle cessait ses activités et qu'elle entamait volontairement sa propre liquidation ordonnée./mf/ag/mis/tih/he