(Répétition sans changement d'une dépêche transmise vendredi)

* La folie spéculative retombe, le calme revient

* L'espoir d'une reprise de l'économie porte les actions

* Des turbulences restent possibles à court terme

* La Chine et les pays émergents ont le vent en poupe

par Patrick Vignal

PARIS, 8 février (Reuters) - Après un épisode de frénésie spéculative ayant entraîné un regain de volatilité, les marchés financiers ont retrouvé leur sérénité et repris leur marche en avant, même si les observateurs n'excluent pas de nouvelles turbulences à court terme.

La folie provoqué par une ruée à l'achat d'investisseurs particuliers sur des actions décotées comme Gamestop puis sur l'argent est retombée et les indices boursiers sont repartis à la hausse, laissant les régulateurs s'interroger sur les mesures à prendre pour régler le problème.

"Le phénomène est appelé à se reproduire mais devrait rester concentré sur les valeurs petites et moyennes et ne pas impacter de manière structurelle la direction des marchés mondiaux", relativise Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement pour Pictet Asset Management.

Le rebond des indicateurs conjoncturels semble indiquer une sortie de crise progressive avec le reflux global de la pandémie de COVID-19, explique pour sa part Éric Bourguignon, directeur des activités sur titres pour compte de tiers chez Swiss Life Asset Managers, pour résumer un optimiste prudent largement partagé par les intervenants de marché.

"Dans l'ensemble, les indicateurs d'activité PMI se sont stabilisés en territoire d'expansion économique", écrit-il dans une note. "Sur le plan sanitaire, les nouveaux cas sont en train de ralentir au niveau mondial et le pic pandémique semble derrière nous, même si les niveaux de contamination demeurent élevés avec, surtout, des situations locales contrastées."

Si des accès de volatilité restent possibles, notamment en cas d'accrocs dans les campagnes de vaccination, la tendance de fond n'en demeure pas moins favorable aux actions, qui restent soutenues par la promesse de davantage de soutien budgétaire et par une liquidité toujours abondante, prolonge Emmanuel Cau, responsable de la stratégie actions européennes chez Barclays.

L'ÉCONOMIE RÉELLE POURRAIT TENIR SA REVANCHE

La plupart des bonnes nouvelles sont cependant largement intégrées dans les cours et l'économie réelle reste encore à la traîne même si certains indicateur récents, notamment sur le front de l'emploi, sont plutôt encourageants.

Un rattrapage est en vue pour les prix de l'économie réelle (inflation, salaires, matières premières ...), à la traîne des prix des actifs depuis la crise financière mondiale, estime Jeroen Blokland, gérant de portefeuille pour Robeco.

"Les mesures de relance n'ont jamais vraiment visé l'économie réelle, ce qui a entraîné un retard considérable, mais cela va bientôt changer", dit-il. "Des quantités sans précédent de mesures de relance budgétaire sont dirigées vers l'économie réelle, entraînant une reprise à l'ancienne."

L'économie de la vieille école tiendrait ainsi sa revanche et un monde plus normal se dessinerait, dans lequel les investisseurs pourraient devoir se contenter de rendements plus faibles que ces dernières années.

En attendant, les investisseurs se préoccupent du retour de l'inflation, dont les anticipations aux Etats-Unis remontent pour s'ancrer au-dessus de l'objectif de la Réserve fédérale d'une hausse des prix de 2% par an.

La crainte d'un "tapering", autrement dit d'un retrait par la banque centrale américaine d'une partie de son soutien monétaire, n'est cependant pas d'actualité, juge Frédéric Rollin, qui voit la Fed maintenir ses taux à des niveaux extrêmement bas.

UN COUP À JOUER POUR LES ACTIONS CYCLIQUES

Les marchés n'en étudieront pas moins soigneusement les chiffres des prix à la consommation aux Etats-Unis pour le mois de janvier, attendus pour mercredi.

Si une reprise globale se dessine, certains pays ont pris de l'avance, notamment la Chine, sortie la première de la crise du coronavirus, et les pays émergents dans leur ensemble, ces derniers ouvrant traditionnellemet la marche dans les périodes de redémarrage du cycle économique, poursuit Frédéric Rollin.

Les actions asiatiques et les obligations émergentes en monnaie locale sont à privilégier dans ce contexte, selon lui.

Du côté des actions, de nombreux gérants affichent une préférence pour les actions cycliques, appelées à bénéficier en priorité de la réouverture des économies, certains prédisant un rebond des titres décotés ("value"), écrasés depuis des années par la progression spectaculaire des valeurs de croissance.

Les marchés gardent un oeil sur la saison des résultats des entreprises au quatrième trimestre 2020, plutôt bien accueillis pour l'instant dans l'ensemble en sachant qu'un consensus pessimiste était assez facile à se battre,

En France, Société générale, Crédit agricole , L'Oréal ou encore Total publieront leurs comptes dans les prochains jours. (édité par Nicolas Delame)