Zurich (awp) - Les actionnaires de Credit Suisse ont refusé de donner décharge au conseil d'administration et à la direction pour l'exercice 2020. Celle-ci a été refusée à 59,95% des suffrages exprimés. Ils ont en revanche entériné à une large majorité l'élection d'Axel Lehmann au poste de président du conseil d'administration.

La décharge avait été exclue de l'assemblée générale de l'an dernier en raison de la débâcle du fonds spéculatif Archegos et des fonds de financement exploités avec la société Greensill Capital en faillite. Cette année encore, l'assemblée générale n'était pas prête à accorder la décharge, bien que cette fois, le sujet de la débâcle des fonds Greensill ait été exclu.

Fraîchement élu, Axel Lehmann, président du conseil d'administration de la banque aux deux voiles, a pris acte "avec regret" du refus de donner décharge. Le conseil d'administration va maintenant discuter de la suite à donner à cette affaire, a-t-il ajouté.

Les actionnaires ont en revanche approuvé la proposition de décharge pour 2021 avec un pourcentage de 77,5% de voix favorables. Les thèmes liés aux fonds Greensill ont toutefois été explicitement exclus de la décharge pour 2021 également.

Le sacre de l'ancien d'UBS

La candidature d'Axel Lehmann à la présidence a été approuvée par 95,3% des suffrages. A titre de comparaison, les administrateurs sortants et ceux se présentant pour un premier mandat - Mirko Bianchi, Keyu Jin et Amanda Norton - ont été adoubés avec entre 70 et 97% de "oui".

Avant d'accéder à la fonction suprême chez Credit Suisse, son nouveau président a officié à la direction du rival UBS entre 2015 et janvier 2021, où il a occupé successivement le poste de directeur des opérations (COO) du groupe et directeur général (CEO) de l'entité helvétique de la banque aux trois clés.

Il a également officié auparavant comme directeur des risques (CRO) auprès de Zurich Insurance. C'était d'ailleurs avant tout son expérience dans la gestion du risque qui lui avaient valu de rejoindre le conseil d'administration de l'établissement aux deux voiles l'automne dernier.

Le prédécesseur d'Axel Lehmann, António Horta-Osório, avait démissionné en janvier, neuf mois à peine après sa prise de fonction, suite à des manquements répétés en matière de respect des règles de quarantaine, en Suisse et au Royaume-Uni. Ce départ précipité avait fait grand bruit, après les multiples plaidoyers du Portugais pour une nouvelle culture de la gestion du risque et la responsabilité individuelle.

Enquête sur Greensill refusée

L'assemblée a, comme suggéré par le conseil d'administration, refusé une demande déposée par la fondation Ethos réclamant une enquête sur l'affaire Greensill, et sur les révélations des médias autour des "Swiss Leaks", invoquant le droit des actionnaires à être informés des conlusions de l'enquête et des mesures prises pour éviter la répétition d'une débâcle similaire.

Le promoteur de l'investissement socialement responsable et sept caisses de pension suisses avaient déploré que, contrairement à ce qu'elle avait annoncé initialement, la banque aux deux voiles ne veuille pas publier les résultats de l'enquête interne sur les manquements dans l'affaire Greensill.

Par la voix de son nouveau président, le numéro deux bancaire helvétique estime avoir répondu "de bonne foi" à toutes les demandes d'Ethos, qui de son côté a jugé les réponses insuffisantes.

A la Bourse SIX, l'action Credit Suisse, rudement malmenée ces derniers jours dans le sillage de la publication d'une lourde perte au premier trimestre et d'un énième coup de balai dans ses instances dirigeantes, s'est refait une santé. Le titre a bouclé la séance sur un bond de près de 5,6% à 6,72 francs suisses, surperformant nettement le SMI des valeurs vedettes, en hausse de 0,50%.

rq/buc/rp