Zurich (awp/sda/dpa) - Credit Suisse a durant des années accepté comme clients des autocrates, barons de la drogue, potentiels criminels de guerre et trafiquants d'êtres humains. C'est du moins ce que laissent croire des recherches dont fait état dimanche la Süddeutsche Zeitung" (SZ), s'appuyant sur une source anonyme qu'elle ne connaît pas.

Le journal allemand a collaboré avec les chaînes allemandes NDR, WDR et plusieurs médias internationaux, dont le Guardian, Le Monde et le New York Times pour examiner et interpréter les données en question.

Dans une prise de position transmise à Keystone-SDA, la banque aux deux voiles a catégoriquement rejeté les accusations sur ces "pratiques commerciales" dont le réseau Suisse Secrets s'est fait l'écho.

Les agissements en cause s'expliquent pour la plupart historiquement et remontent en partie aux années 1940. Ils se basent sur des informations incomplètes et sélectives, hors de leur contexte.

Pour des raisons juridiques, la banque ne peut pas s'exprimer sur de potentielles relations clients. Elle prend ce genre d'accusations au sérieux et chargera une Task Force interne d'enquêter avec l'appui de spécialistes externes.

30'000 clients

Les documents mentionnés par SZ concernent les comptes de plus de 30'000 clients du monde entier. Suisse Secrets indique se baser sur les données de 18'000 comptes pour un total de 100 milliards de dollars.

Selon les données, des criminels auraient ouvert des comptes ou auraient pu conserver des comptes alors que la banque aurait dû savoir depuis longtemps qu'elle avait à faire à des criminels. Des données internes à la banque montrent que de nombreux chefs d'état et de gouvernement, des ministres, des chefs des services secrets ainsi que des oligarques et des cardinaux étaient clients de la banque.

Médias suisses pas impliqués

La Süddeutsche Zeitung examiné les données concernant Credit Suisse en collaboration avec l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) ainsi que 46 partenaires médias du monde entier.

Des médias suisses comme Tamedia ont renoncé à participer aux recherches car, depuis 2015, les journalistes qui publient des données bancaires issues de fuites s'exposent à des poursuites pénales, a indiqué Tamedia dimanche soir dans un tweet.

Le rapporteur de l'ONU pour la liberté d'expression Irene Khan a, selon les journaux Tamedia, exprimé son inquiétude à propos du fait que des journalistes puissent être poursuivis pénalement parce qu'ils publient des données bancaires d'intérêt public, estimant que cela viole les droits humains. Elle prendra contact avec le Conseil fédéral à ce sujet.

La source à l'origine de l'article de SZ estime que le secret bancaire suisse est immoral. L'excuse de la protection de la sphère privée financière n'est qu'un écran de fumée destiné à cacher le rôle dommageable des banques suisses en tant que collaboratrices de la fraude fiscale.

rp