Francfort (awp/afp) - Deutsche Bank semble avoir réglé un partie de ses problèmes avec une diminution des charges, notamment liées aux affaires judiciaires, et un matelas confortable de fonds propres, mais ses recettes ont chuté au deuxième trimestre.

D'avril à juin, les recettes globales de la première banque allemande ont chuté de 10%, à 6,6 milliards d'euros, selon des chiffres publiés jeudi, quand un panel d'analystes sondé par le prestataire de services financiers FactSet tablait sur 7,2 milliards.

Le reflux est particulièrement fort dans la banque d'investissement, nid à problèmes depuis des années, avec -16%, conséquence d'un manque de clients et d'un marché peu animé même si cette division reste la plus importante en chiffre d'affaires.

Les activités sur les marchés, liées aux instruments financiers et aux devises, ont nettement reculé. Le négoce d'actions s'est tassé en particulier de 28%, un recul plus accentué que les contre-performances affichées par les rivales américaines. La banque, qui propose des services spécifiques aux fonds d'arbitrage afin de leur permettre de mieux exercer leur activité, voit ce segment d'activité tourner au ralenti.

Les recettes de conseil en restructuration et en financement sur le marché, comme les transactions globales, ont également subi un ralentissement.

- Marché atone -

Pour expliquer la faiblesse des recettes dans le négoce et la vente d'instruments financiers, le patron de la banque, John Cryan, souligne "la volatilité toujours très basse" sur le marché, ce qui fait déserter les clients.

Mais la banque paye aussi son retrait organisé de certaines régions ou activités trop risquées, en voulant tirer un trait sur la stratégie de croissance à tout-va menée dans le passé, au prix de gros dérapages.

Les faiblesses dans la banque d'investissement ne sont pas compensées ailleurs, puisque les recettes dans la banque des entreprises et des particuliers, incluant la gestion de fortune, ont aussi reculé, de 7%, comme celles dans la gestion d'actifs.

La tendance molle sur le marché n'étant pas prête de se retourner, la banque s'attend pour l'année 2017 à des recettes tirées de ses activités "se situant sous la valeur de l'an dernier", indique son rapport semestriel.

Pas vraiment une surprise pour les analystes, qui s'attendent en moyenne à un recul du produit net bancaire de la banque à 28,5 milliards d'euros cette année, soit une baisse de 5% sur un an, selon une prévision moyenne publiée par Deutsche Bank la veille de ses résultats.

Déjà en 2016, le chiffre d'affaires avait perdu 10% sur un an, le point bas en termes d'activité ayant été atteint au quatrième trimestre, sur fond de questionnement sur la survie financière de la banque.

Les analystes tablent néanmoins sur un rebond à terme des ventes, qui devraient passer à 29,2 milliards d'euros en 2018 puis 29,8 milliards en 2019.

- Chute en bourse -

Par chance pour la banque, la réduction plus forte des charges, de 15% en tout, surtout du fait de moindres litiges, fait que cette dernière affiche au second trimestre de 2017 un bénéfice net hors intérêts minoritaires de 447 millions d'euros, contre 18 millions il y a un an.

Des résultats toutefois en trompe l'oeil, couplés à des prévisions prudentes pour le proche avenir, qui faisaient chuter l'action Deutsche Bank de plus de 4% jeudi.

La dernière baisse significative du titre en séance datait de début mars, après l'annonce d'une grosse augmentation de capital et de la volonté de consolider la base allemande en décidant d'intégrer dans son giron la banque de détail Postbank, après avoir échoué à s'en séparer.

Si les investisseurs ont été au rendez-vous, permettant à la banque de lever 8 milliards d'euros en avril, le retour des clients en portefeuille va mettre du temps à se concrétiser dans les chiffres. John Cryan avait prévenu en mars que l'application de la nouvelle stratégie annoncée "ne se fera pas toute seule".

afp/rp