FRANCFORT (dpa-AFX) - Malgré son meilleur début d'année depuis 2013, Deutsche Bank renforce sa politique d'austérité. Le groupe francfortois a annoncé jeudi qu'il allait réduire ses coûts de manière encore plus importante qu'il ne l'avait fait jusqu'à présent afin de continuer à faire grimper ses bénéfices. Il est prévu de "limiter strictement les embauches dans les secteurs éloignés de la clientèle", de "réduire de manière ciblée les postes de direction", de "rationaliser les activités de financement de la construction" et de réduire encore la taille du centre technologique en Russie.

En bourse, ces nouvelles ont récemment fait grimper les cours. Après des fluctuations de cours parfois importantes, l'action Deutsche Bank a gagné 2,8 pour cent. Le titre a ainsi été l'un des plus grands gagnants du Dax.

L'expert du secteur Kian Abouhossein de la banque américaine JPMorgan a qualifié les chiffres de la Deutsche Bank de mitigés. La banque d'entreprise a été forte, mais la banque d'investissement et la banque de détail ont été plus faibles que prévu. L'analyste Chris Hallam de Goldman Sachs s'est en revanche montré positivement surpris par le niveau des revenus et le rapport coûts/revenus.

Au premier trimestre, le bénéfice avant impôts du plus grand établissement bancaire allemand a augmenté de 12% par rapport aux trois premiers mois de l'année précédente, pour atteindre un peu plus de 1,85 milliard d'euros. Selon la Deutsche Bank, il s'agit du résultat trimestriel le plus élevé depuis dix ans. Au final, les actionnaires ont bénéficié d'un excédent d'environ 1,16 milliard d'euros, contre 1,06 milliard un an plus tôt.

Dans l'ensemble, les résultats montrent que la banque est en bonne voie pour "atteindre ou dépasser" les objectifs fixés par le directoire pour 2025, a résumé le président du groupe Christian Sewing. "Nous voulons mettre en œuvre notre stratégie encore plus rapidement grâce aux mesures supplémentaires annoncées aujourd'hui". Les économies de coûts supplémentaires devraient désormais s'élever à 2,5 milliards d'euros, contre un objectif de 2,0 milliards précédemment. Dans les secteurs qui ne sont pas directement liés aux clients, environ cinq pour cent des emplois de direction devraient être supprimés. Il s'agit d'environ 800 personnes, a expliqué Sewing lors d'une conférence téléphonique.

Mercredi soir, la Deutsche Bank avait déjà annoncé que le conseil d'administration serait réduit de dix à neuf membres. Outre le directeur de la clientèle privée Karl von Rohr, qui quittera ses fonctions fin octobre, Christiana Riley, responsable de l'activité américaine, partira également. Elle quittera l'entreprise lors de l'assemblée générale du 17 mai. Le nouveau directeur de la clientèle privée sera Claudio de Sanctis, au plus tard le 1er novembre.

En ce qui concerne le financement de la construction, le directeur financier James von Moltke a évoqué lors de la conférence téléphonique la baisse de la demande de crédits immobiliers face à la hausse des taux d'intérêt. La banque fera preuve d'une "retenue modeste" dans l'octroi de prêts à la construction - notamment parce que l'autorité de surveillance financière Bafin impose depuis le printemps aux établissements financiers un nouveau tampon de capital pour les prêts à l'immobilier résidentiel. Toutefois, le financement de la construction reste "un produit clé absolu dans notre relation avec les clients", a assuré von Moltke.

La Deutsche Bank doit notamment ses résultats étonnamment bons au premier trimestre à la hausse significative des taux d'intérêt. Les revenus nets d'intérêts ont bondi de près d'un cinquième pour atteindre 3,4 milliards d'euros. Bien que les revenus de sa propre banque d'investissement aient chuté par rapport à la même période de l'année précédente, exceptionnellement forte, les revenus totaux du groupe ont augmenté de 5 % pour atteindre près de 7,7 milliards d'euros. Entre-temps, la banque a mis de côté 372 millions d'euros pour les prêts douteux. C'est un peu plus d'un quart de plus qu'un an auparavant, alors que la guerre d'agression russe contre l'Ukraine venait de commencer et de plonger l'économie mondiale dans la tourmente.

Parmi les divisions du groupe, seule la banque d'entreprise a réussi à augmenter son bénéfice avant impôts : à 822 millions d'euros, il a même été plus de trois fois supérieur à celui de l'année précédente. En revanche, le bénéfice avant impôts de la banque d'investissement s'est effondré de 42 % et celui de la banque de détail a chuté de 29 % en raison d'une augmentation des provisions pour risques sur les crédits compromis à l'étranger. La filiale de fonds DWS a rapporté au groupe 115 millions d'euros avant impôts, soit un peu moins de la moitié de ce qu'elle a rapporté l'an dernier à la même période.

Après que le groupe du Dax a enregistré en 2022 son plus gros bénéfice depuis 15 ans, les actionnaires peuvent s'attendre, outre un dividende, à un programme de rachat d'actions prochainement. "Compte tenu des bons résultats du premier trimestre et de la poursuite de l'amélioration des ratios de fonds propres, la direction a entamé un dialogue avec les autorités de régulation concernant les rachats d'actions pour l'année en cours", a indiqué la banque. Selon la direction, les rachats devraient commencer au second semestre 2023./ben/stw/jha/