La période du Covid nous a offert une vérification grandeur nature de sa théorie. Voir par exemple le cas de DocuSign, qui n'a jamais gagné un centime de profit mais dont la valorisation, à son pic, est venue atteindre x30 son chiffre d'affaires.

Le spécialiste de la signature électronique — qui publiait en fin de semaine dernière ses résultats trimestriels — a depuis été rappelé par les lois de la gravité : il s'échange présentement à x4 son chiffre d'affaires, et restructure en parallèle son équipe de direction. 

Il est vrai que le rythme de croissance marque le pas. Le management anticipe des ventes de $2.7 milliards sur l'année fiscale en cours, soit 7%-8% seulement de plus que l'année écoulée. On est loin ici des taux de croissance annuels de 45%-50% observés en 2021 et 2022.

L'exploitation, elle, reste pareillement déficitaire, avec une perte avant taxes et intérêts de $499 millions sur le trimestre. Comme de coutume, méfiance avec le pseudo "free cash-flow" de $214 millions mis en avant dans les communications du groupe : il ne tient pas compte des $144 millions consacrées aux rémunérations en stock-options. 

Dans le registre des aberrations, on s'étonnera des rachats d'actions conséquents lorsque la valorisation oscillait autour de x25 le chiffre d'affaires, mais inexistants l'an passé alors que ce multiple était repassé sous la barre de x5 le chiffre d'affaires. Cherchez la logique. 

Ceux qui voudront voir le verre à moitié plein auront beau jeu de signaler que DocuSign a quintuplé son chiffre d'affaires depuis l'IPO d'il y a exactement six ans. Mais la concurrence est elle aussi à l'offensive, à commencer par celle d'Adobe, redoutable, et dernièrement celle de DropBox. 

Persistantes à une époque, les rumeurs d'un rachat par Microsoft — qui intègre déjà la solution de DocuSign à ses propres services — sont pour l'instant restées sans suite.