(Actualisation: déclarations de la direction sur le capital du projet Hinkley Point, calendrier, financement et confirmation des objectifs financiers pour 2016).

Le PDG d'EDF (>> E.D.F.) a indiqué jeudi que le groupe signerait dans les "prochains jours" l'accord officiel avec le gouvernement britannique pour la construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR à Hinkley Point, en dépit des vives critiques sur l'impact de ce méga-projet sur la santé financière de l'électricien français.

"Nous sommes très heureux de la confiance que le gouvernement britannique nous manifeste", a déclaré Jean-Bernard Levy lors d'une conférence téléphonique, jugeant que le projet d'Hinkley Point bénéficierait autant à la filière nucléaire française que britannique.

Le Royaume-Uni a donné son feu vert jeudi au projet de construction de réacteurs nucléaires à Hinkley Point, après avoir remis sa décision initiale sur la table au début de l'été en raison du changement intervenu au gouvernement après le référendum sur le Brexit. "Nous avons décidé de la construction de la première centrale nucléaire depuis une génération", a expliqué le ministre aux Entreprises, Greg Clark.

Le gouvernement britannique a néanmoins soumis une nouvelle condition à EDF, qui doit s'engager à ne pas céder le contrôle du projet Hinkley Point sans l'accord gouvernemental. L'électricien français, contrôlé à près de 85% par l'Etat français, détient 66% du projet Hinkley Point, aux côtés du groupe chinois CGN (33,5%).

EDF avait évoqué par le passé la possibilité de céder une participation de 15% dans le projet. "Aujourd'hui, nous ne sommes pas à la recherche d'un investisseur tiers sur le projet", a déclaré le PDG Jean-Bernard Levy. "Peut-être, un jour, il y aura des évolutions, que nous ferons en bonne intelligence avec le gouvernement britannique. Mais nous nous engageons à ne pas descendre en dessous de 51%, c'est-à-dire à ne pas céder le contrôle", a expliqué le dirigeant.

La livraison du premier réacteur toujours prévue en 2025

Le feu vert du gouvernement britannique intervient après des mois de débats et critiques acérées sur l'ampleur de ce projet estimé à 21,5 milliards d'euros. Certains responsables d'EDF et plusieurs syndicats se sont inquiétés de l'impact du projet Hinkley Point sur la santé financière de l'électricien, déjà lourdement endetté.

La technologie EPR soulève aussi de nombreuses craintes sur la faisabilité même du projet. Aucun réacteur EPR ne fonctionne aujourd'hui du fait de dérapages de coûts et de délais sur les chantiers en cours en France et en Finlande.

"Nous sommes confiants dans notre capacité à réaliser le projet" dans les délais et les coûts impartis, a assuré jeudi Vincent de Rivaz, le directeur général d'EDF Energy. EDF prévoit toujours de livrer le premier réacteur nucléaire à Hinkley Point en 2025.

Plan de financement et objectifs confirmés pour EDF

Concernant le financement, le groupe avait dévoilé en avril un vaste train de mesures pour renforcer son bilan, prévoyant notamment une augmentation de capital de 4 milliards d'euros, des cessions d'actifs et de nouvelles réductions de coûts. Ce plan de financement intégrait déjà le projet Hinkley Point et reste donc d'actualité, a indiqué jeudi Jean-Bernard Levy, qui a aussi confirmé les objectifs du groupe pour 2016.

Les agences de notation pourraient néanmoins sévir. Jeudi, Moody's a de nouveau prévenu que le projet Hinkley Point, du fait de son ampleur et de sa complexité, était de nature à détériorer le profil de risque à la fois commercial et financier d'EDF. "Le bilan du groupe devra assumer les conséquences financières d'une très longue phase de construction au cours de laquelle cet investissement ne génèrera pas de trésorerie", a expliqué Paul Marty, responsable crédit au sein de l'agence de notation.

A la Bourse de Paris, le titre EDF reculait jeudi à la mi-journée de 1% à 11,08 euros.

-Blandine Hénault, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 53; blandine.henault@wsj.com ed: ECH

Valeurs citées dans l'article : E.D.F.