Dans un communiqué, l'électricien a indiqué que cette proposition correspondait à une offre d'environ 52 dollars par action du groupe américain, soit 96% de mieux que l'offre de rachat présentée par MidAmerican, filiale de Berkshire Hathaway, le fonds de l'homme d'affaires américain Warren Buffet.

EDF a précisé que cette offre n'aboutirait qu'après l'annulation de l'accord conclu en septembre entre Constellation et MidAmerican.

"Cette proposition comporte également un apport en liquidités initial d'un milliard de dollars qui sera imputé sur le prix d'achat, ainsi qu'une option permettant à Constellation de céder à EDF des actifs non nucléaires dans la limite d'un montant de deux milliards de dollars."

Pierre Gadonneix, P-DG d'EDF, a souligné dans le communiqué que "Constellation bénéfici(ait) de fondamentaux solides et de perspectives de développement qui, pour EDF et beaucoup d'autres, (étaient) nettement sous-évalués par la proposition de MidAmerican".

Le groupe français a ajouté que sa proposition n'était "soumise à aucune condition de financement" et qu'elle ne nécessitait pas "l'approbation des actionnaires de Constellation".

EDF détient à ce jour 9,51% du capital de l'entreprise américaine et prévoyait de prendre son contrôle mais la précédente offre qu'il avait présentée en septembre - bien que supérieure de 32% à celle de MidAmerican - n'avait pas reçu de réponse de la part de Constellation et le français avait fini par annoncer le 15 octobre qu'il renonçait à son projet d'acquisition.

Constellation exploite cinq réacteurs nucléaires sur trois sites, situés sur la côte est des Etats-Unis.

STRATÉGIQUE

En septembre, Constellation et MidAmerican ont annoncé avoir engagé un processus de fusion pour 4,7 milliards de dollars moyennant des apports immédiats en liquidités.

Le rachat de Constellation serait d'autant plus stratégique pour l'électricien public français que le groupe américain représente son point d'entrée aux Etats-Unis via UniStar, société qu'ils ont créée pour développer, réaliser, détenir et exploiter des centrales nucléaires EPR dans le pays.

EDF présente ainsi une offre légèrement inférieure pour n'acquérir que la moitié des activités nucléaires de Constellation, ce qu'il justifie en faisant notamment valoir que cette solution "supprime l'essentiel des contraintes réglementaires auxquelles serait soumise une prise de contrôle de Constellation ainsi que le risque de refinancement des lignes de crédit existantes lié à un changement de contrôle".

"En plus d'offrir aux actionnaires de Constellation la possibilité de valoriser leur investissement dans ce groupe, nous fournissons à ce dernier suffisamment de liquidités pour lui permettre de garder son statut d'entreprise solide et indépendante. Nous offrons également à Constellation l'opportunité de jouer un rôle important, avec EDF à ses côtés, dans la production d'énergie nucléaire au Maryland", a estimé Pierre Gadonneix.

EDF espère en outre que même si le conseil d'administration de Constellation ne juge pas son offre comme "une alternative concrète, viable et meilleure que l'offre de MidAmerican", il "sera d'accord pour considérer que (la nouvelle) offre fournit une base solide pour modifier sa recommandation concernant l'opération avec MidAmerican".

En présentant une nouvelle offre alternative à celle de MidAmerican, EDF cherche à franchir une nouvelle étape dans sa stratégie d'expansion dans le nucléaire à l'international, après avoir annoncé en septembre le rachat de British Energy pour environ 15,7 milliards d'euros.

Benjamin Mallet, Matthias Blamont, édité par Jacques Poznanski